36- Chronolgie des événements de la signature du Protectorat Français (11ème Partie)
Les trois colonnes de la division Delebecque avaient ordre de franchir les crêtes du Djebel-Addeda dans la, journée du 25 ; mais, la pluie n'ayant pas cessé, et les terres étant trop détrempées pour permettre de mettre l'artillerie en mouvement, l'attaque fut remise au lendemain 26.
On se rappelle les points occupés par les trois colonnes et les forces dont elles se composaient.
Au nord en allant vers la mer au camp d'Oum-Theboul, était la colonne du général Ritter, le commandant de la subdivision de Bône, formée de trois bataillons de zouaves, trois bataillons de tirailleurs algériens et deux batteries de montagne. Cette colonne a pour mission de pénétrer chez les Ouled-Cedra par le col de Redkala.
Un peu plus au sud, au camp d'El-Aïoun, est la brigade du général Vincendon qui forme le centre et qui compte sept bataillons de chasseurs à pied el de fantassins du 40ème, du 96ème et du 141ème.
Son objectif est le territoire des Bechenia qu'elle doit aborder par le col de Feldj-Kala.
Enfin à droite et encore plus au sud, à Aïn-Smain, plateau situé entre Roum-el-souk et El-Aïoun, est postée la brigade du général Galland composée des bataillons du 29èmechasseurs à pied, du 18ème, du 22ème et du 67ème ligne. Cette brigade devait appuyer le mouvement de la colonne Vincendon et se diriger vers Babouch et Fernana, deux localités ou les Kroumirs font leurs échanges et qui comptent un certain nombre de gourbis.
Le 26 Avril, les troupes de la colonne Ritter furent réveillées à deux heures du matin et se mirent en marche, traversant la petite vallée de l'oued-Dumac et gravissant les pentes du Djebel-Addeda et du Djebel-Sakkek au milieu de champs d'orge, de taillis de chênes-lièges, de fondrières et de ravins creusés par les pluies.
A six heures cinquante minutes, la brigade Ritter avait atteint le col de Bab-Strack et envoyé plusieurs coups de canon à des groupes de Kroumirs qui couraient dans les ravins de la vallée.
A huit heures, deux bataillons de zouaves et deux bataillons de turcos bivouaquaient sur les crêtes.
La colonne Vincendon, partie à trois heures et demie du camp d'El-Aîoun, atteignit le col de Fedj-Kala vers six heures, après avoir traversé une vallée magnifique coupée de petits bois de lentisques, d'oliviers, d'aubépines géantes et de lauriers-roses et franchi des pentes et des ravins couverts de chênes-lièges.
Ce n'est qu'en arrivant au col que nos troupes essuyèrent le feu de quelques centaines de Kroumirs embusqués derrière des rochers et des arbres. Un feu de tirailleurs assez vif fit bientôt reculer l'ennemi.
Nos bataillons ne perdirent que 3 hommes tues et 5 blessés, dont le lieutenant Toulier du 40ème.
La lutte avait été plus longue et plus chaude à droite ou deux compagnies de la colonne Galland, engagées dans de très mauvais sentiers, eurent à subir une fusillade suivie et retardèrent le mouvement en avant de la brigade. Les Kroumirs, cachés dans les buissons ou sous bois, attendaient nos hommes à 50 mètres, faisaient une décharge, puis se repliaient, disparaissant dans l'herbe ou sautant de rochers en rochers comme de véritables chèvres.
Les deux colonnes Galland et Vincendon firent leur jonction huit heures ; puis, pendant que la première observait et déblayait les sommets de droite, la seconde marchait en avant par la crête du Djebel-Sakkek et s'emparait successivement des plateaux de Reched-el-Mankoura et du Kef-Cheraga. Elle installait son camp à trois heures du soir sur ce dernier sommet, à 800 mètres au-dessus du niveau de la mer; dominant toute la vallée de l'oued-Djenane et apercevant à 20 kilomètres dans le lointain Tabarka et son île.
Nous occupions un poste avancé dans le district le plus élevé du pays des Kroumirs, nous avions tourné le redoutable défilé du Khanguet Addeda ou les Arabes comptaient nous résister. Quant aux Kroumirs, surpris par notre marche de nuit et par le feu de notre artillerie, ils n'avaient pas osé demeurer et s'étaient retirés non sans semer une centaine de cadavres. Le total de nos pertes ne dépassait pas 5 hommes tués et 4 blessés.
Nos troupes ne devaient malheureusement pas tirer tout le profit de ce brillant début. La colonne Ritter avait en vain battu toutes les crêtes du Djebel-Addeda et les rampes de la vallée de l'oued-Jenane, elle avait fait beaucoup de chemin sans rencontrer un seul ennemi, et pour comble de malheur le général Ritter avait été frappé d'une attaque d'apoplexie.
Privée de son chef et n'ayant pu découvrir les Ouled-Cedra, la colonne revint au camp d'El-Aïoun après avoir brûlé quelques gourbis abandonnés, coupé les blés et les orges en fleur qu'elle avait rencontrés sur sa route.
Cette circonstance et le retour du mauvais temps firent ajourner tout mouvement en avant. Pendant les journées du 27, du 28, du 29 et du 30 avril, la pluie ne cessa de tomber avec violence, et les brigades Vincendon et Galland durent se borner à faire reconnaître les ravins et les crêtes qui entourent le Kef-Cheraga.
L'attention du commandant supérieur se portait d'ailleurs sur d'autres points. La colonne Logerot opérait dans la vallée de la Medjerda et semblait devoir rencontrer une certaine résistance. Enfin nos troupes avaient débarqué à Bizerte, et le centre des opérations se déplaçait.
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