samedi 10 février 2007

35- Chronolgie des événements de la signature du Protectorat Français (10ème Partie)

Pendant trois mois les journaux ont publié bien des informations fantaisistes sur ces tribus des Kroumirs. Le pis est que la plupart des erreurs mises en circulation ont été répandues non par des reporters affamés et peu scrupuleux, mais par des hommes graves se prétendant géographes ou orientalistes, et qui n'hésitaient pas à. reproduire comme des faits certains les détails géographiques et historiques les plus controuvés.
Quelques-uns ont même brodé avec l'imagination de conteurs arabes et ont donné sur l'histoire et les mœurs des Kroumirs des aperçus forts pittoresques, mais dont ils avaient pris tous les éléments dans leur cervelle.

Nous n'avons pas compté moins de dix classifications différentes des tribus kroumirs, khoumirs ou khmirs que nous nous garderons bien de reproduire.
Les uns comptaient quatre tribus, d'autres six, d'autres douze, quelques-uns vingt. Cette variété d'informations avait pour origine les documents très divers comme époque ou comme source que chacun avait consultés.
Suivant que les correspondants avaient pris leurs informations sur les cartes du bureau topographique de Constantine ou sur les livres de Pélissier et du capitaine Zaccone, ils diminuaient ou multipliaient le nombre des tribus. Aujourd'hui encore, la campagne terminée, on n'est pas bien d'accord sur le nombre exact de ces grandes familles, parce qu'on fait confusion entre les tribus et leurs subdivisions, et parce que l'on comprend arbitrairement dans cette nomenclature des nomades faisant partie de la confédération des Mogodys ou de celle des Ouchtetas.
L’emplacement qu'on donnait à ces tribus dans la région des Kroumirs était encore bien plus arbitraire. On n'était guère fixé que sur quatre ou cinq tribus bien déterminées, les Ouled-Amor, les Ouled-Cedra et les Bechenia qui occupent les districts frontières depuis la mer jusqu'au Djebel-Abdallah, c'est-à-dire à l'endroit ou la frontière fait un coude à l'ouest, au-dessous de Roum-el-Souk, enfin les Mekna et les Nefza qui habitent les territoires nord-est du côte de l'oued Zane.

Suivant une version répandue dans le pays, les Kroumirs occuperaient cette région depuis le XVIème siècle, époque à laquelle ils seraient venus du centre de la Tunisie, auraient expulsé plusieurs tribus kabyles de la côte et se seraient en partie fondus avec elles.
On a parlé des richesses cachées par les Kroumirs, de leurs magnifiques troupeaux et de leurs villages pittoresques. Ce sont là autant de fantaisies que peuvent en recueillir des correspondants dépourvus de nouvelles. Les Kroumirs comptent parmi les tribus arabes les plus pauvres. Leurs troupeaux sont peu considérables, et se composent surtout de chèvres et de petits moutons d'assez maigre apparence.
Leurs prétendus villages n'offrent que des huttes misérables formées de branchages et couvertes de chaume.

Les chevaux sont fort rares et d'une petite race très laide. Quant aux costumes des Kroumirs, la plupart se contentent d'une grande chemise de couleur serrée autour de la taille et pardessus laquelle ils portent le burnous en hiver ou lorsqu'ils se réunissent en assemblée (Djeba).

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