jeudi 1 février 2007

31- Chronolgie des événements de la signature du Protectorat Français (6ème Partie)

Nous allons voir maintenant quelles mesures le gouvernement français avait prises et le plan de campagne auquel il s'était arrêté.
Le gouvernement avait reçu, le 2 avril, à Paris, la nouvelle du combat du 31 mars. Le lendemain même, 3 avri1;le conseil des ministres décidait que les tribus tunisiennes devaient subir un châtiment exemplaire, fût-il nécessaire de faire pénétrer nos troupes sur le territoire de la Régence.
Le 3 avril au soir, la préfecture maritime de Toulon recevait l'ordre de mettre en armement les transports "l'Intrépide", "l'Algésiras", "le Dryade", "la Sarthe", "la Creuse", "la Corrèze" et le croiseur "le Tourville". Les transports "la Vienne" et "l'Européen" recevaient également des ordres de départ pour l'Algérie.
En même temps, deux navires de lacompagnie transatlantique étaient réquisitionnés à Marseille. "Le Tell" et "la Ville de Madrid" quittaient le port pour se rendre à Alger et embarquer des troupes à destination de Bône.
La décision du gouvernement fut portée à la connaissance du public par la déclaration suivante faite au Sénat par M. Jules Ferry, président du conseil des ministres, et à la Chambre des députés, par M. le général Farre, ministre de la guerre.

Messieurs,
L'opinion publique s'est émue depuis, deux jours des novelles de la frontière tunisienne. Les agressions de la
Belliqueuse tribu des Kroumirs sont anciennes ; mais elles ont pris depuis quelque temps une gravité particulière ; des engagements ont eu lieu les 30 et 31 mars, qui nous ont coûté cinq morts et cinq blessés. Nos tribus algériennes, ont subi aussi des pertes. Cette situation impose au gouvernement des devoirs qu'il saura remplir.
Les mesures nécessaires ont été prises ; des troupes ont été concentrées pour mettre ces tribus hors d'état de recommencer leurs agressions. (Vive approbation sur un grand nombre de bancs.)

Le 5 avril le croiseur "le Tourville" appareillait pour Oran allant embarquer des troupes A destination de Bône. Les autres bâtiments en armement à Toulon devaient transporter à la Calle et à Bône' des troupes fournies par les 15ème et 16ème corps d'armée.

Le 6 avril, "le Tell" et "la Ville de Barcelone" partaient d'Alger, transportant un régiment de zouaves. Deux camps étaient formés sur la frontière, le premier à Roum-el-Souk dans le cercle de la Calle, le second plus au sud, autour de Souk arrhas.

Le 6 avril deux autres transports, "le Tarn" et "la Guerrière", reçoivent l'ordre d'armement. Sept transports devaient se trouver prêts à transporter 20,000 hommes.

Le 7 avril, 2,500 hommes, zouaves, tirailleurs algériens, et artilleurs, débarquaient' à Bône et étaient dirigés sur le camp de Roum-el-Souk. En même temps les transatlantiques "le Moîse" et "l'Abdel-Kader", partaient de Marseille pour Bône, emportant trois batteries d'artillerie, deux bataillons du 40ème ligne et le train des équipages.

Le 8 avril, "le Tourville" était arrivé à Mers-el-Kebir et le 9 il appareillait pour Bône, emportant un bataillon de turcos, une section du génie, du train et une batterie d'artillerie. Le même jour; "la Ville de Bône", "le Caldera" et "le Saint-Augustin", paquebots, quittaient Marseille ayant à bord une batterie d'artillerie, le 141ème de ligne, le 7ème bataillon de chasseurs à pied, 1è 7ème chasseurs à cheval et 300 chevaux.

Le 11 avril, "l'Algésiras" sortait de Toulon pour l'Algérie avec 1,100 hommes de troupes ; le transatlantique "le Ferdinand de Lesseps" partait de Marseille avec 1,100 hommes du 96ème de ligne, du train et des chasseurs à cheval. Le paquebot "le Fournel" emmenait une batterie du 6ème d’artillerie, un escadron du 7ème chasseurs et un détachement du train.

Le 12 avril, "la Dryade" (transport) appareillait de Toulon pour l'Algérie avec 800 passagers militaires.
D'autres troupes étaient transportées les jours suivants par les transports de l'État "la Sarthe", "la Corrèze", "l'Intrépide", "la Vienne", "l'Européen", et par les paquebots "la Ville d'Oran", "l'Apique", "le, Mohammed-el-Sadok", "la Bretagne", "la Bourgogne", "le Mandingue", "l'Artois", "l'immaculée-Conception", soit huit ransports et un croiseur de l'État et dix-huit paquebots appartenant à des compagnies maritimes.

Au 12 avril, on évaluait à 12,000 hommes les troupes concentrées sur la frontière et venues de France ou d'Algérie par mer ou par voie ferrée.

Au 24 avril, jour où commencèrent les opérations, on évaluait à 25,000 hommes les troupes concentrées dans les divers camps établis le long de la frontière à Oum-Theboul, El-Aioun, Roum-el-Souk, Sidi-Hamici et Sidi Youssef.

Voici quelle était à ce moment la composition du corps expéditionnaire :

Commandant en chef : le général de division Forgemol de Bostquénard ;
Chef d'état-major : le colonel de Polignac.
Colonne de Gauche : Le général de division Delebecque.
Colonne de Droite : Le général de brigade Logerot.

La colonne de gauche, destinée à opérer directement contre les Kroumirs, était ainsi répartie : la brigade Vincendon au camp d'El-Aioun, la brigade Galland au camp de Roum-el-Souk et la brigade Ritter au camp d'Oum-Theboul. Ces trois camps étaient situés dans le cercle de la Calle, à une distance de la frontière variant entre 2 et 5 kilomètres.

La colonne de droite, destinée à opérer plus au sud, était répartie entre les deux camps de Sidi-Hamici et de Sidi-Youssef dans le cercle de Souk-Arrhas.
Les brigades de Brem et Gaume étaient à Sidi-Hamici, sur les bords de la Medjerda, à 1 kilomètre de la frontière, la brigade Logerot était en formation à Souk-Arrhas et à Sidi-Youssef, ayant pour objectif la vallée de l'oued-Mellégue et la ville du Kef.

En dehors de ces troupes le corps destiné à occuper l'île de Tabarka comprenait 2 bataillons du 88ème régiment d'infanterie et un bataillon du 143ème, une section d'artillerie de montagne et une section du génie, soit 1,600 fusils et 2 canons. Ces troupes étaient au bord de "la Surveillante" frégate cuirassée de premier rang ayant 12 canons de gros calibre, et de deux canonnières de 1ère classe, "le Chacal" et "l'Hyène", ayant chacune 4 canons et 65 hommes d'équipage.

Quelles raisons avaient déterminé le gouvernement à concentrer des forces aussi considérables et à étendre la ligne des opérations jusqu'à la vallée de l'oued-Mellégue, bien que les tribus tunisiennes de la Rekba n'eussent commis aucune incursion récente au-delà de notre frontière ? Aujourd'hui encore, alors que l'expédition est terminée et a porté tous les fruits qu'on devait en attendre, bien des personnes ne se sont pas rendu compte de ces nécessités stratégiques. Ces nécessités n'en sont pas moins faciles à expliquer pour qui a suivi les opérations, étudié le pays où devaient marcher nos troupes, et apprécié les éléments d'information que le gouvernement possédait alors sur l'ennemi qu'il allait avoir à combattre.

Le combat du 31 mars n'avait pas été bien sérieux, puisque, après une fusillade qui avait duré onze heures, disent les uns, neuf heures disent les autres, nous n'avions perdu qu'une douzaine d'hommes, sept soldats français et cinq indigènes Ouled-Nehed. Encore avions-nous subi ces pertes parce que les Kroumirs étaient rentrés sur le territoire tunisien et que nos soldats, n'osant pas franchir la frontière sans ordre, restèrent en plaine, exposés au feu d'un ennemi dix fois supérieur en nombre et abrité dans des bois ou derrière des rochers.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Quelle plaisir et quelle richesse que de remonter ainsi....le temps!

Merci!

Anonyme a dit…

kel plaisir on a de lire ton blog,hassilou chapeau bas!
ca me ferai plaisir que tu jette un coup d'oeil a mon blog,il es tout nouveau
http://desperatetngirl.blogspot.com
see you

Téméraire a dit…

@ElGreco/Miss Fifi: Merci de vos commentaires, je ne fais que publier des documents relativement rares et des informations pratiquement inconnues par la plus part des Tunisiens.

@Miss Fifi: J'ai déjà visité votre Blog, dès l'appartition de votre 1er post sur Tn-Blogs et j'ai lu tous vos posts. Bonne chance pour votre petit documentaire sur le cinéma tunisien

franzon a dit…

Mon grand'père débarqué à Oran l 15/5/1881 a fait toute la campagne dans la Brigade Galland en écrivant tous les deux jours des lettres que j'ai en ma possession et qui décrivent en détail les marches, les étapes, les campements et les péripéties jusqu'à Tabarka le 21/6/1881.

Téméraire a dit…

@Franzon :Merci pour ton passage par mon Blog;

Est-ce que vous avez pensé par hasard à publier ses lettres qui doivent sûrement contenir un témoignage très intéréssant sur certains événements de l'époque

Unknown a dit…

je continue à étudier les lettres de Victor Roche engagé conditionnel d'un an bachelier à 18 ans envoyé châtier les Kroumirs parti sur la "Dryade" faisait partie de la Brigade Galland. L'opération était totalement improvisée, rien n'étant prévu pour nourrir les troupes engagées.Fantassin avec un sac de 40 kg et 132 km à pied pour rejoindre le camp de Roum el Souk !
Il relate deux soldats naïfs qui prêtent leurs fusils à des Kroumirs qui les tuent, les égorgent et les mutilent. A part les marches, l'inconfort et le manque de ravitaillement organisé, la campagne militaire se déroule sans plus de pertes. Ils parlent d'aller jusqu'à Tunis mais rembarqueront à Tabarka.
Le plus dur a été le trajet Bône-Morris-Lac des Oiseaux-Roum el Souk;
Parti le 16 avril 1881 il est de retour à Bordeaux le 28 août .