vendredi 29 décembre 2006

15- Causes de l'expédition française sur la Régence de Tunis (2éme Partie)

En 1833, le royaume de Sardaigne et celui des Deux-Siciles furent en guerre avec la Régence sans y être avec la Porte, parce que la Tunisie était indépendante à leurs yeux comme aux nôtres. Toutes les relations de la France avec Tunis depuis la conquête d'Alger ont eu lieu de même directement et sans l'intermédiaire de la Turquie.

Lorsqu'en 1847 Ahmed-Bey vint chez nous, il y fut reçu avec tous les honneurs dus à un roi; la Porte-Ottomane se montra-t-elle choquée en rien de la pompe royale dont il fut entouré? Nullement.
Et l'Europe ne s'en choqua pas plus qu'elle, parce que l'Europe était de l'avis de lord Aberdeen qui, dans sa fameuse protestation (23 mars 1831) contre notre conquête d'Alger, n'en déclarait pas moins « que les États européens avaient des longtemps traité avec les Barbaresques comme puissances indépendantes ».

Bien plus, la Tunisie elle-même n'a jamais eu de sa situation vis-à-vis de la Turquie une autre idée que celle d'une complète liberté. Un document authentique qui est de la plus haute importance et qu'on ne saurait récuser atteste suffisamment, c'est la Constitution tunisienne (Bouyourouldi) jurée par le bey actuel de Tunis, Mohammed es Sadok, lors de son avènement au trône (23 septembre 1859), comme l'avaient jurée ses prédécesseurs.

Dans cette constitution intitulée « Loi organique du royaume tunisien » en 114 articles, publiée en arabe et en français, à Tunis et à Bône, il n'est pas dit un seul mot du sultan; et, pour qu'on ne puisse pas avoir un doute quelconque de la souveraineté du bey, il proclame dans le préambule (page 4) « que ce sont les hauts fonctionnaires tunisiens qui l'ont choisi à l'unanimité pour chef de l'État, conformément à la loi de succession en usagé dans le royaume ».

Des chapitres entiers sont consacrés à l'exposé des droits et des devoirs du roi, à la position des princes de la famille husseinite, aux droits et aux devoirs des sujets, aux fonctions des ministres, à l'organisation de leurs services, au conseil suprême de la Régence, aux impôts, aux budgets, etc... Sans doute, on peut critiquer ce document singulier, si l'on veut le juger uniquement d'après nos idées européennes ; mais il n'en est pas moins décisif pour démontrer à tout esprit non prévenu que le royaume de Tunisie ne relève que de lui-même, sans devoir quoi que ce soit à. une souveraineté extérieure.

Tous les traités conclus dans les trois derniers siècles par les Etats européens avec la Tunisie ne parlaient jamais que du royaume et du roi de Tunis.
Quinze ou Vingt traité ou cette locution sacramentelle a été employée portent la signature de l'Angleterre de 1862 à 1863 et 1875 ; trente autres, de 1604 à 1832, portent la signature de la France.
En 1868, le traité conclu par l'Italie a été conclu encore avec le royaume de Tunis.

Ainsi la Tunisie n'a fait que se nommer; dans sa loi organique, du nom que le monde lui donnait unanimement; et, en s'appelant royaume, elle a voulu bien marquer qu'elle avait toutes les prérogatives d’indépendance et de pouvoir qu'implique ce titre éclatant.
En face de précédents si nombreux et si décisifs, la Porte-Ottomane ne doit donc pas être très étonnée que la France ait refusé de reconnaitre sa suzeraineté toutes les fois qu'elle a été invoquée, comme elle l'est encore aujourd'hui.

Nous n'avons aucune peine à avouer que la Porte a été, depuis un demi-siècle, assez constante dans ses revendications. En 1835, elle avait ressaisi la suzeraineté de Tripoli après y avoir réprime d'affreux désordres : cette occasion lui avait paru favorable pour étendre sa souveraineté à Tunis ; m'ais, devant l'opposition énergique de la France, elle avait renoncé à ce projet.

Dix ans plus tard, en 1845; un chambellan du sultan étant venu apporter à Tunis un firman d'investiture, le bey refusa de se soumettre. Une vingtaine d'années se passèrent sans qu'on risquât une nouvelle tentative; mais, vers la fin de 1864, les anciens desseins furent repris, et, cette fois, ce fut la Régence elle-même qui demanda l'investiture.

La démarche était au moins étrange de la part d'un prince qui, jusque-là, semblait tenir beaucoup à son indépendance ; mais des conseils puissants avaient effrayé le bey sur sa situation relativement la Porte, et le général Khérédine avait été envoyé à Constantinople pour y proposer et y obtenir le firman.

Cette fois encore, la France opposa son veto ; et, au lieu d'un acte émané du sultan, le bey et ses conseillers durent se contenter d'une simple lettre vizirielle qui contenait des clauses identiques. On profita de nos désastres en 1871 pour accomplir ce qu'on n'avait pu faire, ni sous le règne de Louis-Philippe ou la flotte française avait interdit plusieurs fois le passage à la flotte turque se dirigeant sur Tunis, ni sous l'empire, qui ne s'était pas montré moins résolu.


Le firman du 25 octobre 1871, obtenu à l'ombre de nos malheurs, avait été proclamé le 18 novembre au Bardo par Khérédine au nom du sultan, et accepté par le bey qui l'avait sollicité plus ou moins spontanément. Quoi qu'il en fût, la France protesta comme auparavant : elle déclara le firman nul et non avenu, et depuis dix années entières elle n'a cessé de manifester son opposition toutes les fois que les circonstances l'ont exigé.

On a pu douter que la Porte elle-même, malgré son succès; fût bien sûre de faire valoir son droit; le firman de
1871, qui détruisaient l'indépendance séculaire du royaume tunisien, s'il a reçu quelque publicité, a été généralement ignoré, si ce n'est des quelques puissances directement intéressées.

Dans le système du firman de 1871, quelle qu'ait pu être son origine, Tunis se trouvait remis en partie sous la main de la Porte. Le pouvoir du bey de Tunis est bien encore reconnu héréditaire, comme il l'est depuis deux siècles: mais le bey de Tunis devient un simple "Vali", c'est-à-dire gouverneur général de l'Eyalet de Tunis.
Par une conséquence nécessaire de cette modification profonde, le pouvoir n'est plus véritablement héréditaire dans la famille husseinite, quoi qu'en puisse dire le texte littéral du firman. Un gouverneur général, un "Vali" est révocable au gré de son suzerain, et il est très possible que le bey actuel apprenne bientôt à ses dépens, aux dépens de son trône, de sa liberté, de sa vie peut-être, quelle faute énorme lui ont fait commettre des conseillers mal inspirés.
Mohammed Es Sadok n'a rien à redouter de la France qui, malgré de sérieux griefs, n'en veut ni à sa dynastie, ni à sa personne, ni à ses états. Avec la Porte, au contraire, il peut tout craindre, et son sort est livré au hasard des circonstances.

Dans 1'état présent de nos relations avec la porte-Ottomane, relations d'amitié et de sympathie, sincères, nous eussions désire pouvoir envisager la situation de Tunis, sous un autre jour; mais la vérité est irréfutable pour nous, d'après les précédents que nous avons cités. Nous pouvons même demander à la Porte pourquoi, si le bey de Tunis est son Vali, elle ne l'a pas empêché depuis deux ans de se conduire envers la France comme il l'a fait, et pourquoi elle n'a pas cherché à prévenir la crise actuelle, que, pour notre part, nous avons si longtemps essayé de conjurer.

Il faut que cette crise, dont nous circonscrivons les effets autant qu'il dépend de nous, aboutisse à un traité qui nous garantisse à la fois contre les incursions dont nos frontières souffrent sans cesse, et contre les menées déloyales dont le Bardo est trop souvent l'instrument ou le centre. C'est la le double but de notre expédition ; et je ne crains pas de le dire, nous avons en Europe une approbation générale, partout ou des préventions sans fondement n'aveuglent pas les esprits.

Telle est donc, monsieur, notre attitude envers la Porte et envers la Tunisie. Pour l'une et pour l'autre, nous sommes pleins de bienveillance; et tout ce que nous demandons au bey est de ne nous être pas hostile.
Si la Régence comprend bien ses intérêts, elle pourra profiter de notre alliance infiniment plus que nous ne pouvons profiter de la sienne. Nous pouvons lui apporter tous les bienfaits de la civilisation dont nous jouissons.
Dés 1847, nous établissions chez elle le service de la poste; en 1859 et 1861, le service des télégraphes; en 1877 et 1878, un chemin de fer de 50 lieues de long de la frontière algérienne à Tunis. Nous lui construisons en ce moment deux chemins de fer nouveaux : l'un, qui reliera Tunis à Bizerte au nord, de 20 lieues de long; l'autre, qui reliera Tunis à Sousse au sud. Nous allons prochainement commencer le travail plus difficile d'un port à Tunis même, qui permettra aux navires d'arriver de la rade et de la Goulette jusqu'à la capitale.
Dans la dette tunisienne, des fonds français, à côté de fonds anglais et italiens, entrent pour plus des trois cinquièmes. Le magnifique aqueduc d'Adrien, qui amenait des eaux excellentes à Tunis, a été restauré par un ingénieur français.

Nous sommes prêts, dés que les bons rapports auront été repris, à faire une foule d'autres entreprises non moins bienfaisantes : des phares sur les côtes; des chemins intérieurs pour relier bien des villes populeuses et prospères les unes aux, autres ; de vastes irrigations dans un pays ou les rivières ne manquent pas, mais ou elles ne sont pas mieux aménagées que les forets; des exploitations de mines abondantes en toutes sortes de métaux; une culture perfectionnée sur les bien-fonds que les Européens peuvent acquérir dans la Régence, ou même sur les terres des indigènes; l'emploi d'eaux thermales que jadis les Romains ont découvertes et pratiquées.
La Régence de Tunis est en général très fertile, et la richesse prodigieuse de l'antique Carthage l'atteste assez. Sous la protection de la France, tous les dons naturels de cette contrée peuvent être développés de nouveau avec toute l'énergie et l'intensité des méthodes et des pratiques modernes.


Nous pouvons ajouter que, si le bey veut bien s'en fier à nous, l'administration intérieure de la Régence peut recevoir des améliorations non moins nécessaires et non moins assurées. Ce serait un service, incontestable et relativement assez facile à lui rendre que d'y introduire, soit pour la levée des impôts, soit pour la manutention des fonds, soit pour les écritures des comptables, la régularité qu'a atteinte la gestion de nos finances.
Ce serait un service non moins précieux, que d'améliorer aussi l'administration de la justice d'après les principes qu'ont adoptés les puissances pour la reforme judiciaire en Égypte.

Ce n'est pas la France seule qui profiterait de tous ces progrès que la Régence peut conquérir si elle le veut. Ce sont toutes les nations civilisées qui en profiteraient ainsi que nous; et rien ne s'oppose à ce que nous fassions pour la Tunisie, sans conquête et sans combats, ce que nous faisons dans notre Algérie et ce que l'Angleterre fait dans l'Inde. C'est un devoir sacré qu'une civilisation supérieure contracte envers des peuples moins avances.

Telles sont, monsieur, les considérations que je recommande à votre attention ; elles vous serviront à éclairer autour de vous les esprits qui sont curieux de se rendre compte impartialement des desseins de la République française en Tunisie.

Barthélemy Saint-Hilaire

Source : En Tunisie : Récit de l’expédition française – Albert De La Berge – Librairie de Firmin-Didot et Cie - 1881

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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