jeudi 25 janvier 2007

26- Chronolgie des événements de la signature du Protectorat Français (1ére Partie)

On n'a pas oublié quels ont été les motifs de l'expédition française en Tunisie : en premier lieu la nécessité de contenir les tribus turbulentes qui violaient constamment le territoire algérien, pillaient nos douars et troublaient la sécurité de la colonie ; ensuite l'urgence de sauvegarder les intérêts français établis dans la Régence, intérêts compromis par la mauvaise foi du gouvernement du bey et par les intrigues de certains agents étrangers.

De là deux opérations bien distinctes : l'occupation du pays des Kroumirs avec les mesures complémentaires qu'elle exigeait ; la marche de la colonne Bréard sur le Bardo et le protectorat français imposé au bey par le traité du 12 mai.

Cette double campagne militaire et diplomatique était-elle légitime et conforme aux règles du droit des gens? Les intérêts étrangers qui en ont souffert ont naturellement soutenu la négative. Le gouvernement français n'a eu cependant aucune peine à établir la parfaite justice de ses plaintes et l'impossibilité où il était d'adopter dignement un autre parti que celui auquel il s'était arrêté.

L'Algérie à l'est comme à l'ouest et au sud a des frontières mal défendues par la nature et habitées par des peuplades turbulentes qui ne reconnaissent aucune autorité et considèrent le vol et le pillage comme une de leurs ressources les plus régulières.
Du caté du Maroc comme du côté de la Tunisie ces frontières sont fréquemment violées, et nos populations algériennes sont victimes des incursions et des brigandages des tribus voisines.
Plus loyal ou mieux avisé que le gouvernement du bey, le sultan du Maroc a depuis longtemps autorisé la France à punir elle-même les rebelles qui violent les limites de notre département d'Oran. Aussi du côté de l'ouest les incursions sont-elles, devenues moins fréquentes, les tribus marocaines ayant été à diverses reprises châtiées sévèrement par nos garnisons de la frontière.
Il n'en est pas ainsi dans notre département de Constantine, où le gouvernement tunisien n'avait pas la force nécessaire pour nous garantir la paix de nos frontières, et où néanmoins il n'acceptait pas de nous voir faire nous-mêmes une police qu'il était hors d'état d'établir.
Le gouvernement tunisien déplorait les agressions dont nos colons et nos tribus étaient victimes ; il se reconnaissait incapable d'en prévenir le retour, mais, en dépit de ses protestations de bonne amitié, il couvrait de sa protection les auteurs de ces agressions et de ces crimes, autant pour garder la faveur des fanatiques du parti musulman que pour maintenir son autorité nominale sur les tribus indépendantes.

Les autorités militaires et civiles du département de Constantine avaient été unanimes à signaler dans ces quinze dernières années les dangers de cette situation. Nous n'avions pas seulement à souffrir dans les intérêts matériels de nos populations frontières, notre autorité morale était gravement atteinte. Nos tribus algériennes se demandaient souvent pourquoi, ayant la force, nous hésitions à nous en servir.
Le fanatisme religieux exploitait ces contradictions apparentes ; il comparait notre politique longanime jusqu'à la faiblesse à la ténacité audacieuse du gouvernement tunisien qui obtenait toujours de notre justice la répression des rares délits commis par nos tribus sur le territoire de la Régence. Qu'on ajoute à cela le souvenir de nos défaites de 1840, le dédain des populations musulmanes pour tout ce qui ne respire point la force, et l'on comprendra les germes de mécontentement et d'insoumission que cet état entretenait parmi nos tribus frontières, on s'expliquera l'émigration d'un certain nombre d'entre elles quittant notre territoire pour aller s'installer sur celui de la Régence.

Les actes de déprédation et de meurtre commis en février et en mars 1881 par les tribus Kroumirs sur notre territoire n'étaient pas, il importe de le constater, un fait nouveau et isolé. Le désordre était depuis 1871 en permanence sur notre frontière de Constantine.

- De 1870 à 1881 le chiffre des crimes et des délits commis par les Tunisiens s'élevait à 2,379, soit plus de 230 par an.

- En 1869 le général Périgot signalait une invasion du territoire de la tribu algérienne des Merazgas par 1,500 Frachiches. Un de nos indigènes était tué ; 23 blessés dont 6 femmes ; 1,600 moutons, 1,350 chèvres et 35 chameaux avaient été enlevés par les agresseurs.

- En 1872, les Ouled-Amran pénétraient prés de Tébessa, tuaient un de nos Arabes et volaient quinze chameaux à l'un de nos douars.

- En 1873, nouveaux pillages de nos tribus du cercle de Tébessa par les Ouled-Bou-Ghanem.

- En 1874, notre tribu des Sedratas est assaillie prés de Tanglega par des Tunisiens et l'un de nos hommes est tué : la tribu tunisienne des Mracen viole le territoire des Ouled-Naceur et enlève du bétail, les Beni-Barbar ssassinent quatre Algériens ; les Oulad-Aziz pénètrent sur notre territoire ; les Ouchtetas tuent plusieurs Ouled-Dhia (tribu algérienne du cercle de Soukahras) et leur volent un troupeau.

- En 1876, les Ouled-Ouzez pénétrent sur le territoire des Ouled-Sidi-Abid, tribu algérienne du cercle de Tébessa, et y font paitre leurs troupeaux, malgré les protestations de ces derniers.
La même année, une fraction de la tribu tunisienne des Frachiches s'installe sur notre territoire et met le feu à nos forêts de Chehtabil.

- En 1878, le vapeur l’Auvergne de la Société Générale fait naufrage sur la côte à 1'ouest de Tabarka. Les Kroumirs pillent le navire a malgré, les protestations de l'équipage et du commandant tunisien du fort, les matelots français sont dépouillés de leurs vêtements, maltraités, et l'un d'eux se noie en voulant se sauver.
Les tribus qui procédaient au pillage étaient les Mekna, les Houamdia, les Ouled-Amor el les Ouled- Saïd.

- En 1879, le désordre augmente : nouveau pillage, commis sur notre territoire par les Mracen ; vol de 250 bœufs aux Algériens Chiebnas par les Ouchtetas ; les hommes d'une embarcation du Forbin envoyés sur la plage pour prendre du sable sont attaqués et maltraités par des soldats tunisiens; enfin un maréchal des logis du 3éme spahis est tué sur la frontière par les Ouchtetas.

Voila quel était le passé de la question lorsque les derniers actes de, brigandage des Kroumirs en février 1881 sont venus lasser la longanimité du gouvernement français. Ces actes de brigandage avaient d'ailleurs, été précédés en 1880 par une recrudescence d'agitation et de désordre que le gouvernement généra1, signalait en ces termes : « Incendies des forêts de notre territoire allumés par les Ouchtetas, prédications hostiles des marabouts tunisiens, agressions sur nos cavaliers de la poste, vols, meurtres et attentats commis sur nos bergers, violences et razzias opérées dans le sud contre nos Brarcha ; vol de trente bœufs commis aux dépens des Reguegane, de trente-neuf bœufs aux dépens des Ouled Bechia et meurtre d'un berger. »

Quelles réponses faisait le gouvernement tunisien aux plaintes et aux réclamations de notre chargé d'affaires? Il proposait la nomination de commissions d'enquête, échangeait force correspondances, multipliait les promesses, ordonnait d'arrêter quelques coupables, puis les relâchait au bout de peu de temps.

Pendant les premières années l'impuissance du gouvernement de la Régence était en quelque sorte palliée par la bonne volonté et la sincérité qu'il montrait dans ses relations avec nous. Le gouvernement général de l'Algérie devait tenir compte de ces efforts, et il se contentait des rares et faibles compensations que les agents tunisiens offraient à nos tribus. Malheureusement depuis quelques années la situation avait complètement changé.
Cédant à des inspirations étrangères et aux suggestions du parti musulman, le gouvernement du bey semblait dédaigner les observations de nos agents et, sous les formes de politesse affectée dont les Orientaux sont prodigues, laissait percer ses sentiments d'hostilité ou tout au moins de mauvais vouloir.

Non seulement les autorités tunisiennes ne s'efforçaient point de réprimer les excès des tribus turbulentes, mais pour les excuser elles soulevaient à tout instant des conflits de délimitation de frontières et formulaient des revendications de territoire dont elles n'avaient jamais parlé auparavant. Des marabouts tunisiens prêchaient impunément la haine des chrétiens dans les districts frontières.
Le gouvernement de la Régence invoquait le Coran pour refuser l'extradition des Algériens condamnés pour crime de droit commun. Des terres et des exemptions d'impôts étaient promises à nos tribus de 1'Aurès et du Souf pour les engager à quitter l'Algérie, et plus de dix tribus algériennes provoquées à l'émigration recevaient asile en Tunisie. Nos spahis déserteurs étaient accueillis avec faveur et pourvus de postes importants dans l'armée de la Régence.
Toutes ces mesures dirigées contre notre influence portaient une atteinte sérieuse à notre autorité sur les populations arabes de la province de Constantine. Elles étaient l'objet de représentations incessantes de notre chargé d'affaires. Le gouvernement du bey, fidèle aux traditions musulmanes, se confondait en regrets et en promesses, mais nous refusait toute satisfaction sérieuse.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Font chier ces 08, y foutent la merde partout de vrais pillards . Et ils le sont encore aujourd'hui, c'est vraiment des cas . Y foutent la merde en algérie et y se planquent en tunisie et le jour ou y faut résister à l'agression française, y a plus personne . C'est tout le reste du pays qui en patit .

Ness a dit…

Franchement mon ami téméraire, rak tfachalni!! à chaque fois je veux lire tes posts , je le trouve top long wéna je suis la paresse en personne! Amane trouve moi une solution parceque je sais que c'est intéressant!

Téméraire a dit…

@Anonyme: La france a utilisé ce prétexte, à l'époque la frontière était mal définie et les tribus tunisiennes et algériennes se déplaçaient dans les 2 sens.

@Ness: Sorry for you, Il ya des textes qu'on peut pas couper, ils sont long: c'est ça l'Histoire.
Mais tu peux relire le post en 2, 3 fois !!!!

Anonyme a dit…

Je sais que c'était juste un prétexte, c'était sois la france, sois l'italie .