24- La révolte de Sidi-Younes contre son père Ali-Pacha 1752
En avril 1752, Sidi-Younes, fils ainé d'Ali-Pacha-Bey, se révolta contre son père. Il sortit secrètement du Bardo avec ses gardes .turques et quelques captifs chrétiens attachés à son service ; il emportait ses armes, ses effets les plus précieux et beaucoup d'argent. Il vint à Tunis, qui lui ouvrit ses portes, et il fit appel au dévouement de la garnison; elle lui baisa la main, et il se proclama Bey. Aussitôt il donna l'ordre de fermer les portes de la ville, manda le divan, tous les grands de la ville et tous les Turcs.
Apres qu'il leur eut expose les raisons qui le déterminaient a cette conduite vis-à-vis de son père, ils le reconnurent pour bey et son élévation sur le trône fut annoncée par trois coups de canon de la Casbah.
Ali-Pacha, informé de l'entreprise de Sidi-Younes, réunit à la hâte tous les soldats qu'il put trouver, mit à leur tête ses deux autres fils, Mohammed et Sidi-Soliman, et les chargea de s'assurer de tous les châteaux du dehors, puis de pénétrer dans la ville.
On se battit pendant plus de deux mois. Ali-Pacha redevint maitre de la capitale, et Sidi-Younes voyant ses affaires désespérées, ramassa tout ce qu'il avait de plus précieux, puis, à la faveur de la nuit, sortit du château par une porte secrète avec les principaux turcs qui l'avaient suivi dans sa révolte.
Il prit la route de Constantine, ou il trouva un asile. Pour récompenser ses troupes, Ali-Pacha leur permit le pillage des maisons des chrétiens et des juifs. Alors la désolation fut extrême dans la ville.
La populace se joignit aux soldats, enfonça les portes, pilla, vola, saccagea, portant sa fureur jusque sur les pauvres esclaves chrétiens malgré la protection française, notre mission fut pillée, l'église mise à vide, les ornements enlevés ou déchirés.
Ces troubles durèrent cinq jours consécutifs. et, chose remarquable, au milieu de tant de fureurs, il n'y eut pas d'autre massacre que celui d'un juif. Les maisons du consul et des négociants français eurent d'intrépides défenseurs dont les fils d'un renégat corse, qui en étaient les drogmans. Ils réunirent quelques-uns de leurs amis, au moyen desquels ils purent faire rester la populace à l'écart.
Ces scènes d'horreur une fois terminées, Ali-Pacha fit tous ses efforts pour rétablir la tranquillité publique, faire reprendre au commerce son cours ordinaire, et encourager l'agriculture.
Je ne dois point omettre de rappeler que, vers le commencement de cette même année 1752, nos troupes françaises éprouvèrent une petite défaite sur l'île de Tabarka. Elles avaient à leur tête M. de Saurins, lieutenant de vaisseau, qui commandait une barque de guerre destinée à garder la côte depuis Bône jusqu'au cap Zébib, pour protéger nos deux établissements. Ce brave officier, aidé par une autre barque et deux brigantins, tenta de surprendre la petite garnison turque de Tabarka, que les Tunisiens venaient de prendre aux Génois : son but était de s'emparer de l'ile, pour l'unir a nos deux établissements de la Calle et du cap Négro.
Malheureusement, il fut trahi par un indigène, qui eut connaissance de son dessein. Prévenue par ce traitre, la garnison put surprendre la petite troupe qui débarquait dans le silence de la nuit, et la défit.
Une partie de ses hommes furent tués; d'autres, gravement blessés, et parmi eux M. de Saurins, furent enfermés à Tunis comme prisonniers de guerre. Le gouvernement français pourvut à leur libération.
Ces deux événements malheureux, la révolte de Sidi-Younes et la d6faite des Français à Tabarka, obligèrent la France à montrer son pavillon dans les eaux de Tunis.
Dans le mois d'aout, une escadre de six vaisseaux, sous les ordres de M. le chevalier de Villarzel, vint mouiller dans les eaux de la Goulette.
Ali-Pacha témoigna le désir de recevoir cet officier dans son palais du Bardo, et il l'obtint par l'intermédiaire du consul : il importait pour lui d'être d'accord avec la France, afin que sa souveraineté se trouvât plus en sécurité contre les prétentions de son fils Younes. L'amiral descendit à terre avec presque tos ses officiers, afin de rendre cette audience plus solennelle. Elle réussit à assurer une tranquillité qui, malheureusement, ne dura pas plus de quatre ans.
Apres qu'il leur eut expose les raisons qui le déterminaient a cette conduite vis-à-vis de son père, ils le reconnurent pour bey et son élévation sur le trône fut annoncée par trois coups de canon de la Casbah.
Ali-Pacha, informé de l'entreprise de Sidi-Younes, réunit à la hâte tous les soldats qu'il put trouver, mit à leur tête ses deux autres fils, Mohammed et Sidi-Soliman, et les chargea de s'assurer de tous les châteaux du dehors, puis de pénétrer dans la ville.
On se battit pendant plus de deux mois. Ali-Pacha redevint maitre de la capitale, et Sidi-Younes voyant ses affaires désespérées, ramassa tout ce qu'il avait de plus précieux, puis, à la faveur de la nuit, sortit du château par une porte secrète avec les principaux turcs qui l'avaient suivi dans sa révolte.
Il prit la route de Constantine, ou il trouva un asile. Pour récompenser ses troupes, Ali-Pacha leur permit le pillage des maisons des chrétiens et des juifs. Alors la désolation fut extrême dans la ville.
La populace se joignit aux soldats, enfonça les portes, pilla, vola, saccagea, portant sa fureur jusque sur les pauvres esclaves chrétiens malgré la protection française, notre mission fut pillée, l'église mise à vide, les ornements enlevés ou déchirés.
Ces troubles durèrent cinq jours consécutifs. et, chose remarquable, au milieu de tant de fureurs, il n'y eut pas d'autre massacre que celui d'un juif. Les maisons du consul et des négociants français eurent d'intrépides défenseurs dont les fils d'un renégat corse, qui en étaient les drogmans. Ils réunirent quelques-uns de leurs amis, au moyen desquels ils purent faire rester la populace à l'écart.
Ces scènes d'horreur une fois terminées, Ali-Pacha fit tous ses efforts pour rétablir la tranquillité publique, faire reprendre au commerce son cours ordinaire, et encourager l'agriculture.
Je ne dois point omettre de rappeler que, vers le commencement de cette même année 1752, nos troupes françaises éprouvèrent une petite défaite sur l'île de Tabarka. Elles avaient à leur tête M. de Saurins, lieutenant de vaisseau, qui commandait une barque de guerre destinée à garder la côte depuis Bône jusqu'au cap Zébib, pour protéger nos deux établissements. Ce brave officier, aidé par une autre barque et deux brigantins, tenta de surprendre la petite garnison turque de Tabarka, que les Tunisiens venaient de prendre aux Génois : son but était de s'emparer de l'ile, pour l'unir a nos deux établissements de la Calle et du cap Négro.
Malheureusement, il fut trahi par un indigène, qui eut connaissance de son dessein. Prévenue par ce traitre, la garnison put surprendre la petite troupe qui débarquait dans le silence de la nuit, et la défit.
Une partie de ses hommes furent tués; d'autres, gravement blessés, et parmi eux M. de Saurins, furent enfermés à Tunis comme prisonniers de guerre. Le gouvernement français pourvut à leur libération.
Ces deux événements malheureux, la révolte de Sidi-Younes et la d6faite des Français à Tabarka, obligèrent la France à montrer son pavillon dans les eaux de Tunis.
Dans le mois d'aout, une escadre de six vaisseaux, sous les ordres de M. le chevalier de Villarzel, vint mouiller dans les eaux de la Goulette.
Ali-Pacha témoigna le désir de recevoir cet officier dans son palais du Bardo, et il l'obtint par l'intermédiaire du consul : il importait pour lui d'être d'accord avec la France, afin que sa souveraineté se trouvât plus en sécurité contre les prétentions de son fils Younes. L'amiral descendit à terre avec presque tos ses officiers, afin de rendre cette audience plus solennelle. Elle réussit à assurer une tranquillité qui, malheureusement, ne dura pas plus de quatre ans.
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