samedi 23 décembre 2006

11- Victoire des Algériens sur les Tunisiens en 1756.

En 1756, le dey d'Alger et le bey de Constantine se mirent en campagne contre Ali-Pacha et son fils Mohammed-Bey. Ceux-ci furent mis en déroute dans un combat, et obligés de se replier sur Tunis. Les Algériens eurent encore l'avantage dans plusieurs autres engagements. Enfin, au mois d'août, ils emportèrent de vive force la place de Tunis.
Ali Pacha et Mohammed Bey eurent la tête tranchée. La succession à leur trône fut dévolue à un autre Mohammed Bey, fils aîné de Hassan Ben Ali.

Toutefois, lors de l'entrée des Algériens, les troupes turques au service de Tunis se réunirent sur la place de la Casbah, s'emparèrent de la forteresse, élurent un chef choisi dans leurs rangs, et installèrent un gouvernement révolutionnaire, qui pendant plusieurs semaines pesa tyranniquement sur la malheureuse population tunisienne, et principalement sur les chrétiens. Un document contemporain, conservé dans les archives du consulat et dans celles de la mission, donne l'idée du désordre et du pillage auxquels se livrèrent les Turcs et les Algériens.

Avant même que ces derniers fussent arrivés devant Tunis, les Français et les autres étrangers alarmés des évènements qui se préparaient avaient obtenu de l'autorité locale une garde destinée à protéger et faire respecter les fondouks où ils étaient logés. Cette précaution ne servit à rien.

La ville se rendit le 31 août. Deus jours après, des bandes indisciplin6es de Turcs se répandirent dans les rues, et pillèrent toutes les habitations, malgré l'ordre qu'elles avaient de respecter les hôtels consulaires, la maison des missionnaires et les demeures des négociants.

Le Père Alexandre de Bologne, préfet, eut soin de renfermer dans une caisse à double serrure tout l'argenterie de l'église catholique et des chapelles des bagnes. Pour plus de sureté, il la fit déposer, au fondouk du consulat de France, dans l'habitation de M. Jean-Baptiste Giraud, négociant français, député de la nation.

Cette précaution fut encore inutile. Une bande d'Algériens et de Turcs se présenta devant la porte du fondouk. A son approche, on l'avait précipitamment fermée. Ces furieux en réclamèrent impérieusement l'ouverture. Sur le refus qui leur fut opposé, ils se ruèrent, la hache à la main, contre cet obstacle.

Tandis qu'ils s'efforçaient de le détruire M. de Grou de Sulauze, consul général, réunit à la hâte tous ses nationaux, et s'enfuit avec eu. Ils franchirent les terrasses, et allèrent se cacher dans une campagne a l’Ariana, à une lieue environ à l'est de Tunis.
Les divers logements du fondouk, les dépôts de marchandises précieuses, la caisse d'argenterie des églises et des chapelles, l'hôtel du consul et particulièrement la chancellerie, furent volés, ravagés et pillés.

L'église paroissiale, celle de notre hospice, les chapelles des bagnes, l'hôpital des Trinitaires eurent le même sort; les registres de la paroisse et les intéressantes archives de la mission furent presque totalement anéantis. Les religieux s'étaient sauvés avec les autres Européens. On voit encore les traces des balles sur le tableau de Saint-Louis qui était dans la chapelle du consulat, et qui aujourd'hui, précieuse relique, noirci et délabré, est déposé à la mission, dans l'atelier de notre bon ami M. Moynier, peintre parisien, qui s'est chargé de le restaurer, tandis que M. Pascal Gandolphe lui procure un beau cadre doré, en sorte qu'on le puisse réintégrer honorablement à son ancienne place.

Depuis cette malheureuse affaire algérienne, il ne parait pas que de semblables désastres soient survenus.
Peu s'en est fallu, cependant, qu'en 1861 nous n'eussions à subir un orage aussi redoutable, par suite de la révolte de plusieurs tribus arabes contre le gouvernement actuel. Sous l'impression de cette menace, presque toutes les populations chrétiennes et juives de la capitale et de la côte du sud émigrèrent, de manière que pendant plusieurs mois les rues et les églises restèrent presque désertes. Heureusement, aucun malheur ne justifia ces alarmes, grâce à la vigilance du gouvernement de Mohammed Essadock Bey et des consuls européens. Dès le commencement, ceux-ci avertirent leurs gouvernements respectifs, dont les escadres parurent bientôt dans les eaux de la Goulette et sur les côtes, pour surveiller les rebelles. Elles y restèrent cinq mois, et ne repartirent que le 23 septembre en laissant en rade deux bâtiments de chaque nation, qui s'y trouvent encore aujourd'hui (février 1865).

Source : Mission des Capucins dans la Régence de Tunis 1624-1865 (publié en 1889)

2 commentaires:

marou a dit…

Téméraire V4.3, j'ai une question pour toi qui n'a rien avoir avec cette note et je m'en excuse. Je veux savoir d'où provient ta bannière et son histoire?
Merci! :-)

Téméraire a dit…

Cette banniére est une représentation de la prise de Tunis en 1535 par les troupes de l'empereur espagnol Charles Quint après une bataille contre les troupes l'Amiral Ottoman Khaireddine Barberousse.

Depuis des années je collectionne des anciennes cartes que je récupére sur le net.
Cette carte je l'ai trouvé sur le site de "The hebrew University Of Jérusalem" que j'ai oublié l'adresse