samedi 4 août 2007

57- Histoire des Juifs de la Régence de Tunis (1ère Partie)

Selon la tradition, les premiers Juifs tunisiens se sont installés en Tunisie bien avant la destruction du Temple de Salomon au VIe siècle av. J.-C. Bien que cette théorie semble infondée, la présence des Juifs à l'apparition du christianisme est attestée par des auteurs comme Tertullien et saint Augustin, par des inscriptions juives retrouvées à plusieurs endroits, par les fouilles archéologiques effectuées dès la fin du XIXe siècle.

À Gammarth, au nord-est de Tunis, est mise à jour une nécropole juive du IIe siècle de même qu'une synagogue du Ve siècle découverte à Hammam Lif (sud-est de Tunis) en 1883 ou encore par le Talmud de Babylone et de Jérusalem qui rapportent les opinions de rabbins de Carthage.

Après la conquête romaine en 146 av. J.-C., la population juive de la province d'Afrique augmente. Aux Juifs déjà implantés dans le pays s'ajoutent ceux venus de Rome, où une présence juive est attestée depuis la fin du IIe siècle av. J.-C.

Les immigration juives en Afrique du Nord se sont poursuivies en plusieurs vagues, d'abord, au moment de la destruction de Jérusalem par Titus; la seconde eut lieu sous l'empereur Hadrien.
Les Juifs arrivèrent en Afrique par plusieurs chemins, les uns, prenant la voie de mer débarquement sur la côte, septentrionale, où ils s’insinuèrent parmi les peuplades autochtones des Berbères fixées sur le littoral et dans le Tell ; d’autres, longeant les rivages des Syrtes et contournant les Chotts, arrivèrent jusqu’à la région des Hauts Plateaux ou ils s’établirent an milieu des populations nomades des Gétules ; d’autres enfin, purent s’installer dans la région montagneuse de l’Aurès.
Avec le temps certains se sont réunis en tribus indépendantes et d’autres se dispersèrent dans toutes les grandes villes de l’Afrique du Nord

Au début de la Chrétienté, Néron avait favorisé les Juifs, les employant en qualité de délateurs des Chrétiens alors persécutés, trouvant dans leur concours à satisfaire une haine commune.
Par la suite, les premiers Pères de l’Église ont toujours fait tous, leurs efforts pour empêcher les chrétiens d’avoir des relations avec les Juifs. Les conciles de Laodicée et de Carthage, furent obligés d’interdire d’avoir avec les Juifs les moindres rapports, même les plus innocents, 320, après J.-C. Le concile de Nicée défend de manger avec eux.

L’empereur Constantin commença par détruire les synagogues d’Afrique. Constance, son successeur, défendit tout rapprochement entre Juifs et Chrétiens. Tout Chrétien convaincu de relations avec les Juifs, était puni par la confiscation de ses biens et privé de la faculté de tester.
Les Juifs ne purent respirer qu’au moment de l’arrivée des Vandales. Ces derniers étaient Ariens et ennemis des Catholiques ; les Juifs surent servir leurs intérêts politiques et religieux aux dépens de ceux des Catholiques, et pendant un siècle que dura en Afrique la domination vandale, 435 à 534, ils centralisèrent entre leurs mains tout le commerce et l’industrie, réalisant d’immenses fortunes.

Mais en 535, Salomon, général de Justinien, ayant chassé les Vandales, fit expier aux Juifs leur conduite passée ; il convertit leurs synagogues en églises chrétiennes et les força à embrasser le Christianisme. Depuis Justinien jusqu’à la conquête arabe, les Juifs disparaissent, à part quelques tribus réfugiées dans l’Aurès et le Mzab.

A l’événement de l’Islam, des Juifs en grand nombre, chassés de Khaïbar par le Prophète Mohamed (saws), vinrent en Afrique vers 628, où ils avaient été précédés par une immigration de leurs coreligionnaires chassés d’Espagne par Sisebut, Roi des Wisigoths, en 613.
Une nouvelle immigration des Juifs d’Arabie, définitivement expulsés par le khalife Omar eut encore lieu en 719.

A l’arrivée des Arabes en Afrique du Nord, une reine berbère La Kahéna des tribus fédérées sous le nom de Djeraoua, leur fait face. Certains historiens supposent que La Kahéna serait Juive, personnellement, je ne le pense pas, vu d’une part, la position d’infériorité de la femme dans la société juive qui ne lui permettait pas d’accéder à des postes de commandement ainsi que l’impossibilité à la femme juive d’accéder à un poste sacerdotal.

Après la mort de La Kahéna et la domination Arabe de l’Ifriqiya, les Juifs eurent une certaine paix et ils purent s’organiser, sous la protection des Khalifes. Ils créèrent des écoles de médecine et de lettres à Kairouan. Un médecin juif de Kairouan, Ishaq ben Soleïman Israëli, est l’auteur d’un traité des fièvres, ouvrage réédité en 1516, à Leyde, sous le titre : Opéra Isaci.
Les praticiens sortis de l’école de Kairouan se répandaient jusqu’en Europe ; un des plus connus d’entre eux, est le Juif Sédécias, médecin de Charles le Chauve qui fut empoisonné par ce même médecin.

Au gré des possesseurs successifs du pays, les Juifs vécurent en Tunisie avec plus ou moins de bonheur. En 1057, lorsque l’invasion hilalienne s’abat sur l’Afrique du Nord et que Kairouan, centre de la vie juive tunisienne est détruite, les Juifs émigrent en masse et la communauté se disloque. Plus tard, de 1134 à 1150, sous les Almohades, les persécutions contre les Juifs se font très dures entraînant de nombreuses conversions forcées. Il faut attendre l’arrivée des Hafsides, entre le 13ème et le 16ème siècle, plus tolérants, pour voir la communauté juive renaître de ses cendres et s’épanouir.

La première croisade a mené presque à un siècle d'accusations de meurtres rituels contre les juifs en France. Beaucoup d'entre eux ont été brûlés ou attaqués en France. Juste après le couronnement de Philippe Auguste, le 14 mars 1181, le roi a ordonné l'arrestation des juifs un samedi, dans toutes leurs synagogues, et on les a dépouillés de leur argent et de leurs vêtements de cérémonie. En avril suivant, 1182, il a édité un édit d'expulsion, accordant tout de même aux Juifs un délai de trois mois pour la vente de leur propriété personnelle. Les biens immobiliers, maisons, champs, vignes, granges, et pressoirs à vin, ont cependant été confisqués. Les Juifs ont essayé, en vain, de gagner des nobles à leur cause. En juillet, ils furent obligés de quitter le domaine royal de la France ; leurs synagogues ont été converties en églises. Ces mesures successives étaient simplement des moyens de remplir les coffres royaux. Les marchandises confisquées par le roi ont été revendues et la plupart des Juifs sont parti dans leur nouvelle terre d’accueil l’Afrique du Nord et notamment la Tunisie.

En 1290, Le roi Edouard Ier fit arrêter et emprisonner 600 Juifs dans la Tour de Londres. Deux cent soixante dix d'entre eux furent pendus et leurs biens confisqués. Finalement, le roi expulsa tous les juifs et s'empara de leurs maisons et de tous leurs biens tout en leur autorisant à emporter l’argent qu’ils possèdent. Le roi leur fournit des bateaux pour quitter l’île. Sur de nombreux bateaux, l’équipage les dévalise et les jette par-dessus bord. Plusieurs d’entre eux atteignirent la côte africaine et s’installèrent entre Tunis et Alger.

Les Juifs disparaissaient peu à peu et on pouvait entrevoir l’instant très rapproché où les conversions à l’islam et l’exode, allaient débarrasser à jamais l’Afrique de leur présence, lorsqu’en 1391 eut lieu à Majorque, Castille et Aragon, un soulèvement général contre les Juifs, accusés d’avoir empoisonné les fontaines, de s’être approprié la plus grande partie de la fortune publique et d’avoir, en toute circonstance, servi les intérêts des Sarrasins contre la Chrétienté. Nombreuses communauté furent juives massacrées et un nombre considérable de Juifs vint chercher un refuge en Afrique.

Les Juifs d’Afrique du Nord se divisèrent alors en deux groupes, les anciens : porteurs de turbans « baalé hamiçnefeth », les nouveaux, les Espagnols : porteurs de bérets « baalé el kipron ».

En Juillet 1394, le roi de France Charles VI, dit "le Fou", décrète l'expulsion de tous les juifs "sans exception ni privilège". C'est la troisième fois que les juifs sont expulsés de France depuis le début du siècle (1306 et 1322). Ils sont rendus responsables de la famine, de la misère et même de la folie du roi, d'empoisonnement de puits, de collusion avec les lépreux, de propagation de la peste lors de la grande épidémie de 1348, etc .... Les Parisiens les flagellent en place publique. Le roi et la reine de France leur donnent jusqu'au 3 novembre pour regagner les frontières du royaume. Il n'existera plus de communautés juives en France jusqu'au XVIème siècle. Une grande partie des Juifs expulsés sont venus renforcer leurs coreligionnaires en Afrique du Nord, leur nouvelle terre d’exil.

Au mois de Janvier 1492, Ferdinand et Isabelle, plantaient leurs étendards sur les murs de Grenade, après deux ans de siège. Deux mois après leur entrée triomphale à Grenade, les rois catholiques décidèrent le bannissement des Juifs. « C’était pour les Chrétiens, dit Mercier, la conséquence, le complément de la disparition du royaume musulman. L’Espagne reconstituée, unifiée, n’aurait qu’un seul culte, celui du Christ. En même temps cesserait la scandaleuse opulence de ces mécréants dont les richesses entreraient en partie dans la caisse du royaume, par la confiscation ».
Les Juifs essayèrent en vain de détourner l’orage, en offrant une partie de leur avoir. Le 3 mars 1492, fût signé, à Grenade, l’édit d’expulsion. Quiconque, parmi les Juifs, refusait d’entrer dans la religion chrétienne, devait sous trois mois, quitter l’Espagne sans pouvoir jamais y revenir.
Huit cent mille Juifs, reçurent en 1492, l’ordre de quitter l’Espagne avant le 31 juillet, sans espoir de retour. Ils vinrent pour la plupart se réfugier en Afrique du Nord et augmenter d’autant le nombre des membres de la communauté africaine.

Tous ces arrivants juifs en Tunisie au cours du temps furent acceptés dans leur nouvelle terre d’accueil. Les Arabes les laissèrent débarquer, y trouvant un profit momentané ; en effet, chaque immigrant était tenu de payer au débarquement un certain droit fixé à un doublon d’Espagne, environ 26 francs ; d’acquitter en outre des droits d’entrée très élevés sur ses effets et marchandises et de se conformer enfin à l’impôt de capitation, la Djéziah.

A suivre ....

Bibliographie:
- Tunis au 19ème siècle (2ème partie) : Marginalité et mutations sociales - Abdelhamid Larguèche
- Algérie et Tunisie - Alfred Baraudon
- Histoire de l’Afrique Septentrionale (Berbérie) - Depuis les temps les reculés jusqu’à la conquête Française - Ernest MERCIER
- Description de l’Afrique Septentrionale – El Bakri
- Histoire ancienne de l’Afrique du Nord – Stéphane Gsell
- Histoire des établissements et du commerce Français dans l’Afrique Barbaresque (1560-1793) (Algérie, Tunisie, Tripolitaine, Maroc) - Paul MASSON
- Tunis, Description de cette Régence - Dr Louis Frank
- En Tunisie - Albert de la Berge
- Les Européens à Tunis aux XVIIe et XVIIIe siècles - Ahmed Saadaoui
- L'autre à travers le journal La Tunisie Française - Hassan El-Annabi
- Libération ou annexion - Aux chemins croisés de l'histoire tunisienne - Daniel Goldstein

6 commentaires:

Anonyme a dit…

édifiant!
et à Bon entendeur Salut!

Anonyme a dit…

Pauvre téméraire t'as pas de chance, t'es devenu trop célèbre et tu deviens de plus en plus dérangeant.
C'est une véritable curée qui à été lâchée sur toi . Une meute s'étant déjà constituée pour t'abattre dans ton élan, elle s'est précipitée dernièrement te croyant déjà parterre .Il faut dire que qui se ressemble s'assemble et je ne m'étonne pas que des membres de cette association ont trouvé comme principal point d'intérêt commun le besoin et le devoir de t'abattre. Je dois quand-même reconnaitre que cette clique n'est pas si homogène que ça, il y a quand même eu quelques divergences entre un des tes plus virulents ennemis et le nouveau qui en faite par ce post n'a fait que révéler sa véritable nature . J'ai un flair qui détecte tout, ne vous avais pas déjà dit que je détectais presque une partie par million .Ca ne me déranges pas d'être traité d'animal, si jamais quelqu'un étais tenté de le faire.

Je dois aussi avouer qu'il n'a pas tort sur toute la ligne, il y a quand même du vrai lorsqu'il dit que nous avons du sang juif et je pense être bien placé pour en parler. C'est peut-être aussi pour cela que je suis un vicelard de première et qu'ils ne peuvent absolumment rien contre l'esclave que je suis . Ca me sert un peu pour me rendre ou je veux sans me faire démasquer mais par contre cela m'attire certains regards lorsque je me rends dans une mosquée. Mais là ça va avec une bonne cuisson au soleil, j'arrive plus à ressembler à ce que je veux .
Je dois être un traitre de chez eux (qu'est-ce que je me marre par ici) et comme je connais les ficelles du métier, plus rien ne m'impressionne .
Et oui j'ai même un parent c'est une vrai merde en matière de commerce, pas de pitié quand il y a argent en jeu . C'est contre cela que je lutte au fond de moi et j'ai beaucoup de mal, c'est un lourd héritage à porter . Qu'est-ce que j'aimerais me débarasser de se relent de matérialisme qui reste ancré au fond de moi .

Mais c'est un avantage d'avoir ce sang, parce que ça permet de détecter certains paramètres pas forcémment aussi facile à capter par d'autres personnes.

Cette curée me fait penser à un cancer, mais ce n'est pas inquiétant outre-mesure.On peut vivre quand même longtemps avec une tumeur faut juste essayer de la contenir et l'empêcher de proliférer .

Si vous voulez me traiter de cancer ou même de hiv ou de je ne sais quoi cela ne me déranges pas du tout au contraire . J'aimes pas les guerres qui s'achèvent trop vites .

Bon j'espère que vous allez me chercher des poux, je veux aussi ma part de célebrité, je suis jaloux et en ce moment il n'y en a que pour téméraire.


Bon téméraire choffelna description mtaa al 3rab d'après les gwerra . Faut bien qu'on rigole un peu non . Allez encore une petite bagarre avant de prendre la route .

C'est dommage que je ne puisse pas lancer quelques insultes pour déclencher une bagarre de chiffoniers, je risquerais d'être censuré .


Malla téméraire malla z'harre 3andek t'es toujours sous les feux des projecteurs .

Zaama najmouch na3mlou ligne de démarcation juste au milieu de l'écran pour séparer les pros et les contre téméraire ?

Yaktaa ide alli ma tadhrabach! Allez que pleuvent les coups !
Bon s'il y a un peu d'alcool ou d'huile à jetter sur le feux, allez y svp parce que je m'ennuie grave en ce moment .

Anonyme a dit…

Bon moi, j'ai envie de me créer un blog boufrank mtaa âne pour m'occuper de leur cas à tous ces zouaves de la 5° colonne .
Quand je vous dis de vous méfier de cette 5° colonne .Vous avez vu comme ils se sont précipités sur la curée . Mais bon comme ce ne sont que des clebars et moi une hyène, je peux les bouffer ces clebs et les déchiquetter en miette .
Yakhli dar bou7om markhas7om fisa3 tarmaou m3a lakher . Malla ratssa !
Hatta akel werk djeje rja3 y commenti Makel taswirra mta3 les mousquetaires ma renech khliktou .
Wallahi louken jaou fel woste ou khallaou al jmaa yetfemou 3al mochkla misselech ama 7ouma fissa3 rmaou rwa7om .

Bon allez ce blog est trop sérieux, faut que j'arrête .

Anonyme a dit…

......"Un médecin juif de Kairouan, Ishaq ben Soleïman Israëli, est l’auteur d’un traité des fièvres, ouvrage réédité en 1516, à Leyde, sous le titre : Opéra Isaci......" en effet...mais sa "publication" si je puis dire et qui couronnait sa qualité d' Urologue fut le fameux " Kitab el Boul"...quand a la Kahéna, malgré notre grand compatriote bn Khaldoun, qui veut absolument qu'elle soit Juive (ce qui aurait pu etre, en tant que femme berbère judaisée ou Juive Berbérisée..) je ne suis pas loin de ton avis, puisque le judaisme Tunisien reçèle dans ses textes oraux, une complainte dite "Kinate el kahina"qui se répand en invectives et opprobres sur cette "..femme qui s'est lavée du sang de nos garçons et a donné nos filles en pature a ses guerriers...etc"..et puis quand on sait la terrible politique de Terre Brulée que mena cette femme (la verdoyante Tunisie,des steppes aujord'hui ne s'en remmettra pas..) il était peut etre tentant d'en faire une " Juive" qui aurait ainsi été plus apte si je puis dire a recevoir la malédiction...Possible..

Téméraire a dit…

@Jacob :
Justement, à ma connaissance, c’est uniquement Ibn Khaldoun qui a désigné La Kahéna comme étant juives sans pour autant creuser sur cette origine.
Comme tu le précises, elle n’a jamais était aimée par les Arabes puisqu’elle a combattu l’Islam avec un grand acharnement allant jusqu’à bruler toutes les forêts, oliveraies et même certaines palmeraies. A ce stade, politiquement parlant, le titre de "Juive" lui convenait très bien.

Merci pour l’info "Kinate el Kahina" ça peut expliquer plein de choses et il faut que je relise l’histoire de la Kahéna que j’ai déjà lu il y a une dizaine d’année.

Anonyme a dit…

Il ne faut pas oublier qu'à l'époque Abou Yazid était sédentaire. Il habitait Tunis.
Il était instruit; son appartenance à la tribu des B. Ifren faisait de lui un guérier redoutable berbère.