samedi 18 août 2007

64- Histoire des Juifs de la Régence de Tunis (8ème Partie)

Suite aux accords de Protectorat de la Tunisie et avec l’installation des Colons français qui ont commencé à avoir la main mise sur les richesses du pays et à travers un groupement d’intérêt qui a pris la nomination de Prépondérants (1), un antisémitisme français flagrant a pris naissance dans la Régence pour confronter les juifs, qui n’étaient pas prêts à céder leurs privilèges.

Au fait les juifs de Tunisie étaient accusés de s'isoler au milieu de la population indigène et de former, grâce à des institutions spéciales, une sorte d'Etat dans l'Etat.
En outre, certains français sont allés même demander au gouvernement en place de ne plus faire de distinction entre les sujets tunisiens et de supprimer tous les privilèges qui créent aux Israélites une situation de faveur par rapport aux Musulmans.
L’appel était aussi pour en finir avec les protections consulaires qui, moyennant quelques francs par an, donnent aux Juifs des droits sans leur créer de devoirs et d’exiger des enfants d'Israël les mêmes impôts que payent les autres sujets beylicaux et de les soumettre comme les arabes au service militaire.

Il y avait même des voix françaises qui ont appelé à les expulser de la Régence sous prétexte que cette Alliance Israélite Universelle qui vient, en pleine colonie française, façonner une partie importante de la population aux idées des ennemis de la France.

Ainsi, cachant mal leur antisémitisme certains groupements constatent que Tunis est devenue "la nouvelle Jérusalem" des Juifs, car ces derniers y sont choyés, cajolés et protégés. Or, pour les Prépondérants cette situation est dangereuse pour les intérêts français, c’est ce qu’on pouvait lire dans le journal "La Tunisie Française" du 26 juin 1897, « cette race singulière a conservé dans tous les temps et chez tous les peuples au milieu desquels elle a vécu et qu'elle a exploités, une homogénéité, une persistance de vues, un désir ardent de parvenir à la richesse et au pouvoir; tels que, partout, à la longue, elle a amené la réaction, la révolte, les mesures d'exception enfin qui, seules, en Espagne, en France, en Russie, dans les pays barbaresques, ont pu arrêter son expansion, et, pour un temps, mettre un terme à son envahissement ».

Cet antisémitisme, selon ses protagonistes, est accentué par les pratiques usuraires menées par les Juifs provoquent d'importantes modifications dans les conditions du travail et la vie dans la Régence

Pour les Prépondérants l'usure juive porte également préjudice au commerce, en particulier le petit commerce français, car certains juifs achètent à l'extérieur des marchandises payables à trois mois pour les revendre immédiatement au-dessous des cours et font valoir jusqu'à l'échéance, à un taux excessif, l'argent qu'ils ont reçu comptant.

Mais, c'est le risque de transfert de la propriété urbaine vers la communauté juive au détriment de la colonisation qui est, en fait, redouté, tel le cas des agissements juifs dans la région du Cap Bon.
Les Juifs de Nabeul au nombre de 3000 environ, avaient au moins 4 millions de piastres placées dans le Cap Bon. Les immeubles sont entre leurs mains. A Nianou, petit village de 50 familles par exemple, 30 maisons sont en la possession d'un seul juif.
Mais, ces redevances et ces intérêts usuraires, ne sont pas encore les plus importants des bénéfices réalisés, il en est un autre plus dangereux : c'est l'achat des immeubles saisis qui risque de rendre les Juifs dans certaines régions les uniques propriétaires du sol.


(1) Il faut dire que le terme "Prépondérance" est quelque peu anachronique ici, car il faut attendre 1907 pour qu'il soit introduit dans le vocabulaire politique. Récupéré par les réformistes tunisiens, il signifie tous les privilèges dont peuvent jouir les colons français, les Prépondérants étant ceux qui sont les plus attachés à conserver ces privilèges.

A suivre ...

Bibliographie:
- Tunis au 19ème siècle (2ème partie) : Marginalité et mutations sociales - Abdelhamid Larguèche
- Algérie et Tunisie - Alfred Baraudon
- Histoire de l’Afrique Septentrionale (Berbérie) - Depuis les temps les reculés jusqu’à la conquête Française - Ernest MERCIER
- Description de l’Afrique Septentrionale – El Bakri
- Histoire ancienne de l’Afrique du Nord – Stéphane Gsell
- Histoire des établissements et du commerce Français dans l’Afrique Barbaresque (1560-1793) (Algérie, Tunisie, Tripolitaine, Maroc) - Paul MASSON
- Tunis, Description de cette Régence - Dr Louis Frank
- En Tunisie - Albert de la Berge
- Les Européens à Tunis aux XVIIe et XVIIIe siècles - Ahmed Saadaoui
- L'autre à travers le journal La Tunisie Française - Hassan El-Annabi
- Libération ou annexion - Aux chemins croisés de l'histoire tunisienne - Daniel Goldstein

6 commentaires:

TUNISIENDOCTOR a dit…

tu insiste sur la bibliographie ya tém , je crois qu'il faut rassembler les bibliographie dans un seul post le premier ou le dernier et ce n'est pas la peine de les répéter à chaque post

Tun-68 a dit…

on peut constater qu'il y a un peu de progrets...

Téméraire a dit…

@Tunisiendoctor :
J'ai gardé la bibliographie, pour éviter toute polémique lors de la lecture d'un post indépendant.

@Tun-68 :
On n'est plus au XVIIIème et XIXème siècle, les choses se sont améliorées, même le langage pratiqué :)

Tun-68 a dit…

Commentaires à l'article : http://tunisiecoloniale.blogspot.com/2006/12/lella-manoubia-extrait-de-histoires.html

À propos descendants du prophète
Voila un petit calcul :

J’ai 1 papa une maman (génération 1)
J’ai 2 grands papas et 2 grandes mamans (génération 2)
J’ai 4 arrières grands papas et 4 arrières grandes mamans (génération 3)

j'ai 2puissance (n-1) arrières grandes papas et 2puissance (n-1) arrières grandes mamans à la génération n

Supposons, juste pour le calcul que nous sommes tous des mixte, c'est à dire 50% arabes.

Donc j'ai 2puissance (n-2) arrière grandes papas et 2 puissances (n-2) arrières grandes mamans à la génération n

Supposons, juste pour le calcul qu'une génération c'est environ 25 ans. Entre 2007 et 607, on compte 1400 ans, soit 56 générations.

Ce qui veut dire qu'en 607 j'avais 2x2puissance54 arrières grands parents arabes.

Soit 3,24E32 arrières grands parents.

Supposons maintenant que les arabes étaient 10 000 000 en 607, ce qui est très fortement surestimé, cela veut dire que chacun des arabes de l'époque est 3,24E25 fois mon arrière grand père.

ce qui veux dire qu'il y a de très forte chance que Mahomet soit l'un de mes arrières grands pères.

El la probabilité que le roi du Maroc soit plus descendant du prophète que moi est nulle.

Téméraire a dit…

Ton apprcohe n'obéit pas aux lois d'évolutions démographiques !!!.
http://www.mazerolle.fr/demographie/cours2006/chapitre-03.htm

La descendance du Prophète et bien notée à travers l'histoire, même celle des imposteurs !!!!.

Anonyme a dit…

nous organisons une conférence le 18 juillet sur la Tunisie à l'époque coloniale et cherchons des intervenants (contact : Sylvie Seck 0650418859)
L’espace culturel SARAABA et l’Association A.C.A.G.O
(Association culturelle et artistique de la Goutte d’Or)

Vous invitent

Samedi 18 Juillet
A une journée
Spécial TUNISIE



18h00 : Lecture d’extraits du livre, Le Jardinier de Metlaoui, par l’auteur François G. Bussac et de poèmes d’auteurs tunisiens (l’auteur sera accompagné d’un oudiste tunisien)

Entrée libre - Consommation obligatoire


19h00 : Conférence : La Tunisie à l’époque coloniale

Entrée libre - Consommation obligatoire



21h00 Concert : DUO BOUABDELLAH KHELIFI / NICOLAS DEROLIN

Tarif : 7 & 10€

Dans le cadre de la journée « Spécial Tunisie » le duo Bouabdellah Khelifi (oud, violon, chant) / Nicolas Derolin (percussions orientales) donnera à entendre divers répertoires de la musique tunisienne : maalouf (musique arabo-andalouse), muwashshahs et dawrs (musiques du Proche Orient), taâlila (chansons de baptêmes, de mariage, de circoncision).
Bouabdellah Khelifi est né à Oran et a partagé son enfance entre Oran et Mostaganem. Il travaille différents répertoires de différentes régions : wahrani, chellali, chaabi, andaloussi, telgui, gnaoui, raï, tunisienne, orientale…Depuis 1980, il a accompagné de nombreux groupes et formations musicales au Maghreb et en Europe. Il a notamment joué aux côtés de Ahmed Wahbi, Mohamed Tahar, Hasni, Akli Yahiaten, Nuru Kane, sur des scènes réputées telles que le Bataclan, le New Morning, l'Elysée Montmartre, le Satellit Café, le Théâtre Dejazet. Quant à Nicolas Derolin commence son apprentissage des percussions orientales en autodidacte il y a 10 ans, puis il rencontre Dahmane Khalfa en 2004 dont il suit l’enseignement. Il joue plusieurs percussions orientales (darbuka, riqq, duff), Cajon/Ballet, Bongo...Il a travaillé dans différentes formations de styles très divers l'amenant de la musique traditionnelle à la chanson française jusqu'à l’électro. Il a été programmé dans plusieurs salles et festivals en France et à l'étranger (Londres, Italie, Suisse).


SARAABA – Espace culturel / Restaurant
www.saraaba.fr / www.myspace.com/saraabaparis
ACAGO - AFRISSON
Tél.: 01 42 62 65 83
19, rue de la Goutte d’Or - 75018 Paris
M° Barbès ou La Chapelle
* parking en face (entrée jusqu’à 21h45 – sortie à toute heure)
* Tarifs concerts : 10€ / 7€

Présentation Saraaba : Saraaba est un espace culturel qui propose des concerts, des expositions, des contes, des ateliers de danse et de chant, des conférences débats...et plusieurs autres activités. Saraaba accueille ACAGO (Association Culturelle et Artistique de la Goutte d'Or).

* Ouverture du bar : 18h45
* Ouverture du restaurant : 19h15 (cuisines d’Afrique et de l’Océan Indien)