vendredi 17 août 2007

63- Histoire des Juifs de la Régence de Tunis (7ème Partie)

La Bible ne défend nulle part aux femmes de montrer leur visage et de paraitre dans les rues. Leur puissante et continuelle intervention dans l'œuvre de Jésus prouve combien elles étaient à cette époque mêlées à la vie active des hommes. Mais les habitudes et les préjugés des femmes musulmanes ont beaucoup influé sur les femmes juives. Leur obésité d'ailleurs, les rendant inhabiles à la marche et disgracieuses, les retient à la maison.

Il ne sort pied que les femmes de mauvaise vie; les autres ne se risquent qu'accompagnées et très rarement. Cependant, comme elles sont très jolies, très élégantes et très coquettes, elles se montrent au public une fois la semaine, Tous les samedis, à partir de trois heures, vêtues de leurs plus riches habits, parées de diamants, ornées de bijoux, elles viennent par groupes se poster devant leur croisée à l'endroit le plus apparent, et causer entre elles.


Scènes Juives

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Tous les étrangers, les jeunes chrétiens et les jeunes indigènes, au courant de ces étranges habitudes, se rendent dans le quartier juif et contemplent à leur aise ces belles personnes réunies, pour leur plaire, derrière les grilles de leurs fenêtres. L'étranger est souvent tout surpris d'être l'objet de chuchotements, de regards provocateurs et même de signes qui seraient très criminels et très significatifs en Europe, mais qui sont, m'a-t-on assuré, sans importance à Tunis.

Les juives gagnent à être vues d'un peu loin; avec leurs formes imposantes, elles ont un éclat et une majesté incomparables. Leurs mœurs sont très relâchées, et elles ont le monopole de la galanterie avec les étrangers. Ce n'est pas à dire que les Mauresques aient plus de moralité que les juives; mais elles sont maintenues dans le devoir par la sévérité de la loi, et d'ailleurs moins recherchées des étrangers, parce que le châtiment qui les frappe s'étend à leur complice.

Le Coran, très indulgent pour une faute commise avec un vrai croyant, punit de mort tout commerce d'une musulmane avec un chrétien. La dernière scène de ce genre, très fréquente dans les siècles passés et qui sans doute ne se reproduira plus à l'avenir, eut lieu en 1823, sous le règne de Mahmoud-Bey.
Un boulanger sarde, établi à Tunis, entretenait des relations avec une jeune femme indigène. Des Maures, qui avaient découvert cette intrigue, parvinrent à surprendre le couple imprudent en flagrant délit d'adultère.
Ces malheureux jeunes gens, arrachés de la maison qui leur servait d'asile, furent garrottés et trainés au Bardo avec le voisin complaisant qui protégeait et abritait leurs amours. La foule qui les conduisait, grossissant et s'excitant à chaque pas, faisait retentir l'air d'imprécations et de paroles de mort.

Le bey, qui partageait ses émotions et ses passions, condamna les trois coupables au dernier supplice. Le chrétien, saisi par les chaouchs, fut conduit sur une des places de Tunis et décapité avant même d'avoir reçu la visite d'un prêtre. La femme fut ensuite noyée dans le lac, et le Maure pendu à la porte de Bab Souika.
Le spectacle avait été complet. Aussi le peuple de Tunis était-il en liesse, et peu s'en fallut que le quartier des Juifs ne fut pillé pendant la nuit.

II est vrai que, dans ce pays, la police est très débonnaire et peu clairvoyante; mais, à coté d'elle, il y a une foule de fanatiques qui croient être agréables au prophète en faisant respecter sa loi, et n'hésitent pas à frapper un infidèle qui aura osé souiller de son contact une femme réservée aux vrais enfants du prophète.

Avec les juives on n'a à craindre aucun de ces désagréments. Les hommes, accoutumés aux humiliations, sont aussi beaucoup moins chatouilleux sur le point d'honneur. Pourvu que l'argent arrive, ils ne s'informent pas de la source. L'inconduite d'une femme ne la fait exclure ni de la famille, ni de l'église. Elle fait ce mauvais métier, comme elle en ferait un autre; les parents le tolèrent, et même les rabbins, qui prélèvent sur elle un impôt, établi d'après ses succès probables.

Les juives ne se montrent pas trop difficiles à se prêter aux aventures galantes ; mais elles apportent les plus grands soins pour cacher leurs intrigues amoureuses ; car si leur mari ou le rabbin de la synagogue en avait connaissance, elles courraient le risque d'être châtiées sévèrement, ou même répudiées.
Il n'est pas difficile à un Juif de répudier sa femme, pour peu qu'il puisse alléguer une cause raisonnable pour motiver ce divorce ; et plusieurs, sans avoir recours a cet acte légal, prennent une seconde femme, leur loi autorisant la polygamie ainsi que la loi musulmane.

Toutes les filles de joie sont danseuses ; les juives sont même plus habiles dans cet art que les Mauresques; et ce sont elles qui font l'ornement de tous les kifs, espèces d'orgies nocturnes qui sont les seuls délassements de ce peuple voluptueux. On m'a assuré que plusieurs de ces Almées en vogue reçoivent de trois à quatre cents piastres pour une seule dance. A ce compte beaucoup s'enrichissent. Elles se marient alors, et, comme les filles de Lesbos, elles rentrent, sous l'aide de leurs maris, dans le monde, où le rang qu'elles ont dépend des économies qu'elles ont su faire.

Le costume des juives de Tunis ne ressemble en rien à celui des juives d'Alger ou de Fez. Elles ont conservé, au contraire, le costume national qu'elles prétendent porter dans toute la pureté biblique. Elles vont dans les rues à visage découvert, portant des pantalons très collants en soie brochée et de couleur voyante, rouge le plus souvent ainsi que des bas de coton de couleur voyante, des chemises bouffantes avec une casaque de soie rayée et une sorte de bonnet phrygien à pointe recourbée et des babouches en maroquin rouge
Leur gorge est enfermée dans un justaucorps de couleur noire, très collant, très mince, et laissant voir parfaitement tout ce qu'il est censé devoir cacher. La tête est enveloppée d'un burnous blanc, très léger, qui, encadrant la figure, établit un contraste avec leurs yeux et leurs cheveux d'ébène et retombe sur les hanches.
La gaze est assez légère, assez diaphane, pour que l'on voie, à travers le tissu, toutes les formes du corps. Ce costume est de la dernière indécence; il parait cependant que c'est le véritable costume juif, et, qu'il était porté, bien que ce soit contraire à la tradition, par les saintes femmes qui accompagnèrent le Christ au Calvaire.

La femme est encore à Tunis chez les juifs dans l'état d'infériorité où Jésus l'a trouvée et dont il l'a relevée. Les rabbins, ne lui reconnaissant point d’âme, lui interdisent l'accès de la synagogue. Elle est maintenue à dessein dans une ignorance profonde, pour qu'elle accepte, sans révolte, la suprématie tyrannique que l'homme s'est arrogée sur elle.

Les juifs se marient très jeunes, les garçons, de quinze à dix-sept ans, les filles, de douze à, quinze. Les célibataires sont très-peu nombreux parmi eux, et les femmes très fécondes. Il en résulte que cette race se multiplie d'une manière prodigieuse et d'autant plus apparente qu'elle contraste avec la diminution constante des musulmans.

Les juifs, parvenus en fin du XIXème siècle au nombre énorme de cinquante mille, forment plus du quart de la population indigène; avec la sécurité, leur vertu prolifique ne fera que s'accroitre; si les idées de justice et d'ordre continuent à prévaloir dans le divan de la Régence, avant un siècle, ils seront aussi nombreux que les vrais croyants et posséderont la moitié du sol. On ne sait point alors ce qui arrivera.

II ne faut pas croire que ces gens soient dépourvus d'audace et de courage ; ils ont jusqu'ici courbé servilement leur front, parce qu'ils étaient incapables de songer à la défense, et que la moindre marque d'insubordination aurait été le signal d'un massacre. Mais il ne faudrait pas qu'ils se crussent à même de résister. Ils feraient voir au monde étonné qu'ils composent la race la plus énergique, la plus patiente, la plus vivace, la plus indomptable, qui ait jamais vécu sous les cieux.

A suivre ...

Bibliographie:
- Tunis au 19ème siècle (2ème partie) : Marginalité et mutations sociales - Abdelhamid Larguèche
- Algérie et Tunisie - Alfred Baraudon
- Histoire de l’Afrique Septentrionale (Berbérie) - Depuis les temps les reculés jusqu’à la conquête Française - Ernest MERCIER
- Description de l’Afrique Septentrionale – El Bakri
- Histoire ancienne de l’Afrique du Nord – Stéphane Gsell
- Histoire des établissements et du commerce Français dans l’Afrique Barbaresque (1560-1793) (Algérie, Tunisie, Tripolitaine, Maroc) - Paul MASSON
- Tunis, Description de cette Régence - Dr Louis Frank
- En Tunisie - Albert de la Berge
- Les Européens à Tunis aux XVIIe et XVIIIe siècles - Ahmed Saadaoui
- L'autre à travers le journal La Tunisie Française - Hassan El-Annabi
- Libération ou annexion - Aux chemins croisés de l'histoire tunisienne - Daniel Goldstein

6 commentaires:

cactussa a dit…

depuis le debut de ces recits historiques sur les juifs tunisiens jattendais ce sujet celui de la vie des femmes juives.c'est tres enrechissanr ce que tu as ecrit en plus il ya les photos.
a la prochaine partie ( on t'attends!!)

Tun-68 a dit…

Bon, là je suis certain que ce n'est pas ton texte, mais bien celui d'un vulgaire et prétention colon qui vient jouer les anthropologues chez les indigènes.
Tu semble aussi te réjouir de cette histoire de coule adultère, tu as raison, pourquoi tous réinventer pour faire vivre le fascisme, il n’y as qu’à ce certain dans le fascisme d’antan.

Téméraire a dit…

@Cactussa :
Merci pour ton commentaire, j'ai d'autres textes plus descriptifs de la vie des femmes juives mais dont les auteurs sont inconnus et c'est pour cela que je n'ai pas voulu les publier.

@Tun-68 :
Toute les notes sur les juifs de la Régence ne sont pas mes textes sauf quelques remarques facilement détectables, ils sont copiés mot à mot à leur auteurs.

Quels sont les indices qui montrent que je me réjouis de cette histoire d'adultère des juives ?.
A ta question je pense que c'est toi qui s'en réjouit le plus.

Tiens tu ne fais pas encore des remarques sur les parties de textes dévalorisantes des arabes dans ces mêmes notes fascistes!!!.

Tun-68 a dit…

Pour les note dévalorisantes sur les arabes, je passe ma route, ce n'est pas à moi de les faire, je ne suis pas une plereuse.

Ce qui m'importe, c'est que nous respections les autres, pour devenir des gens respectables.

Tun-68 a dit…

ensuite lorsque tu utilises propos d'une autre personne tu pourrais l'annoncer dans le texte et mettre "", ainsi faire resortir tes commentaire.

ça pourrait éviter les erreurset les mauvaises interprétations.

Sinon on risque de penser que tu utilise les propos d'un autre pour les prendre à ton compte.

Téméraire a dit…

Dans toutes les notes à propos des juifs, j'ai fait une seule remarque personnelle claire qui était à propos de la judaîté de la Kahéna.

Je suis étonné que tu puisses passer ta route pour les notes dévalorisantes pour les arabes et réagir pour celles des autres (juifs dans ce cas) pour être considéré des personnes respectables et qui respectent les autres !!!.

Dès les premières notes de ce blog, j'ai précisé que mes sources sont à majorité d'auteurs et chroniqueurs colonialistes et que certaines reproches m'ont été faites à propos d'une certaine terminologie (race, indigéne ...) mais j'ai expliqué que je garde le texte sans le toucher.