jeudi 16 août 2007

62- Histoire des Juifs de la Régence de Tunis (6ème Partie)

Les juifs, esclaves de la lettre, obéissent aveuglément à toutes les prescriptions des livres saints; ils ont horreur des innovations et mettent un point d'honneur à imiter leurs pères en toutes choses.
Les fêtes, occasionnées par un mariage, donnent lieu à une foule de cérémonies puériles, indécentes, bizarres, mais qui remontent au temps de David et de Salomon. Les hommes les plus graves et les plus parcimonieux deviennent tout à coup d'une gaieté et d'une libéralité excessive.
Ce ne sont que danses et festins. On retire de leurs cachettes toutes les pierreries, toutes les perles, tous les diamants, tous les sequins, toutes les étoffes, que l'on possède quelquefois depuis des siècles, et qui composent la fortune de la famille, et on les étale avec complaisance aux yeux des conviés.
Il est vrai que ces folies ne se commettent que la nuit et dans la pièce la plus reculée de la maison. Cependant l'étranger qui arrive, précédé d'une bonne réputation et tant soit peu protégé, peut avoir une part de tous ces plaisirs et contempler toutes ces magnificences.

L'ignorance engendre la superstition; aussi presque tous croient-ils aux mauvais esprits, aux djinns et aux sorciers. Ils ont de plus toutes sortes de préjugés et les habitudes les plus extraordinaires. Pendant les orages, ils ne manquent jamais d'ouvrir les croisées, parce que le Messie doit venir parmi eux au milieu des éclairs et des tonnerres.

Quand un homme est mort dans une maison, aussitôt tous les puits et toutes les citernes sont hermétiquement fermés, de peur que l'ange qui vient de trancher le fil de la vie n'aille y laver son fer ensanglanté et souiller l'eau qui donnerait la mort.
Du reste les juifs ont peur des morts. La présence d'un cadavre dans une maison y porte malheur et l'infecte. Aussi les inhumations sont-elles faites souvent avec une coupable précipitation.

Les juifs, pour ne pas initier des profanes à leurs mystères et surtout de peur des délations, ne prennent que des serviteurs de leur religion, Ils ont aussi leurs médecins. Un médecin arabe ou chrétien n'aborde jamais le lit d'un israélite malade, Parmi ces docteurs qui ne sont contraints de donner aucune preuve de leur science, plusieurs ne sont que d'ignobles et d'infâmes charlatans.
D'autres sont instruits et suivent les traditions de la vieille médecine maure. En tout cas, le métier est peu lucratif.

Les juifs ne mangent que de la viande tuée et préparée d'après les prescriptions bibliques. Le porc est repoussé par eux avec mépris, avec horreur. Comme les musulmans n'en font pas plus de cas, il en résulte que cet animal, si précieux aux paysans Français, si recherché par les gourmets Européens, est inconnu en Tunisie. Le sanglier, qui abonde dans les forêts de la Mohammedia, se vend aux chrétiens sur les marchés à cinq ou sis sous la livre.

Le type des juifs est partout le même, mais plus accentué en Afrique qu'en Europe, parce qu'il y a eu moins de mélange ils n’ont pas cependant cet appendice recourbé, qui est le signe caractéristique des Hébreux de l’Europe, "naso del papagallo", le leur au contraire est droit, et à l’arcade des naines très-développée.

Les hommes en général sont très laids ; sous ce climat trop chaud, dans cette promiscuité forcée des races, il s'est abâtardi. Plus de ces grands Juifs superbes qu'on dirait découpés dans une estampe biblique. Quelques-uns de ceux qu'on rencontre, très vieux et tout petits, ventripotents, les oreilles poilues, les jambes écartées et sèches comme des triques, ont encore le facies osseux, l'œil perçant, le geste sobre ou ressort l'énergique expression de la race. Mais c'est l'exception.
La plupart ont l'aspect efféminé avec leurs joues ombrées de carmin, leur culotte marron serrée sur le bas tendu et leur veste bleue dessinant la taille.

En revanche les enfants y sont charmants et les femmes très belles. Celles-ci se font remarquer par un teint mat éblouissant, des cheveux noirs très longs et très abondants, des traits purs et réguliers, et par une carnation admirable. Quelquefois seulement, les lignes du visage sont trop dures, le nez trop arqué et le menton trop saillant.

A Tunis, il ne faut pas songer à pénétrer ni chez les Arabes, ni chez les Maures. Les Israélites, au contraire, ouvrent volontiers leur maison encombrée d'enfants de tout âge, car l'épouse juive est très prolifique, et laissent sans façons admirer leur progéniture.

Les filles, jusqu'a seize ou dix-sept ans, sont délicieuses, plus jolies que belles, mais d'une fraicheur incontestable. Les mères en revanche sont malpropres, comme des pots de saindoux qui débordent, grosses, grasses, replètes, phénoménales de corpulence, surabondantes de chairs bouffies et flasques. Les Juives de Tunis, que Paul Arène appelle « des masses gélatineuses, encroûtées d'or », sont du reste célèbres sous ce rapport.

Les Mauresques, quoique à un degré moindre, suivent leurs traces; mais, comme elles sortent rarement, il est plus difficile d'en parler. Ne croyez pas à un phénomène naturel ou à une maladie. Cet extrême embonpoint, très recherché des maris, est artificiel, et pour l'obtenir il y a toute une recette. On engraisse les femmes ici, comme on fait les oies en Poitou pour avoir des confits.

Jusqu'au mariage, la jeune Juive est abandonnée à la propension de sa nature. Telle elle est faite, telle elle se présente aux jeunes gens. Mais, dès qu'une fille est fiancée, le premier soin de la mère est de l'engraisser; elle use pour cela des moyens employés par nos fermières avec les dindes et les oies. La jeune fille, enfermée dans une chambre sombre et humide, y reçoit une nourriture succulente et abondante, sans interruption pendant trente ou quarante jours.
Cette nourriture est composée surtout de boulettes qu'elle doit avaler sans mâcher et dans lesquelles on a pris soin d'enfermer certaines graines du pays qui ont la propriété d'épaissir le sang ainsi que de couscous, de gâteaux de semoule, de boulettes de graisse trempées dans l'huile.

On lui donne aussi des breuvages soporifiques, afin que, malgré le manque d'exercice, elle dorme toute la nuit et une partie de la journée. Au bout de quarante jours de ce régime, on vient lui présenter les bijoux déposés en présents par son futur époux dans sa corbeille de noces, et, si elle peut les porter sans risquer de les perdre, elle sort de sa prison et rentre dans sa famille.
On va même parfois jusqu'a remettre des anneaux, calibres que devront avoir ses bras et ses jambes. On recommence alors jusqu'à satisfaction complète : Crève si tu veux, mais engraisse. La corpulence ainsi obtenue ne se perd plus.
Notez bien que la femme qui porte les colliers, les bracelets et les bagues les plus larges est censée la plus belle, et met dés lors sa vanité à trouver tous les bijoux trop étroits.

Les jambes deviennent des poteaux, les hanches des croupes d'hippopotame, les seins des boules spongieuses, la gorge un goitre énorme. La femme n'est plus une femme, mais une outre embarrassée de son trop-plein. Sans doute, ces ampleurs ont des charmes secrets.
Cette coutume peut paraître bizarre : affaire de tempérament ! En France, on pèse la dot; ici, on pèse la femme. Dans un cas comme dans l'autre, la plus lourde l'emporte. Qu'est-ce qui est le plus irrationnel?

A suivre ...

Bibliographie:
- Tunis au 19ème siècle (2ème partie) : Marginalité et mutations sociales - Abdelhamid Larguèche
- Algérie et Tunisie - Alfred Baraudon
- Histoire de l’Afrique Septentrionale (Berbérie) - Depuis les temps les reculés jusqu’à la conquête Française - Ernest MERCIER
- Description de l’Afrique Septentrionale – El Bakri
- Histoire ancienne de l’Afrique du Nord – Stéphane Gsell
- Histoire des établissements et du commerce Français dans l’Afrique Barbaresque (1560-1793) (Algérie, Tunisie, Tripolitaine, Maroc) - Paul MASSON
- Tunis, Description de cette Régence - Dr Louis Frank
- En Tunisie - Albert de la Berge
- Les Européens à Tunis aux XVIIe et XVIIIe siècles - Ahmed Saadaoui
- L'autre à travers le journal La Tunisie Française - Hassan El-Annabi
- Libération ou annexion - Aux chemins croisés de l'histoire tunisienne - Daniel Goldstein

5 commentaires:

fajr a dit…

خوي مرحب بيك في موقع زين الإختلاف في الرأي لا يفسد من الود قضية..المهم الموضوعية

Téméraire a dit…

@Fajr : Tout à fait d'accord, sinon je n'aurais pas posté un commentaire.

Tun-68 a dit…

y a si téméraire, soit tu reportes les écrits d'un administrateur des colonnies, soit tu es en conflit avec d'autres blogs, soit je ne sais rien.

sinon, si tu veux prendre des cours d'histoire, il a y Golniche bras droit de Lepen qui serait très heureux de t'avoir comme éleve. Tu images un peu le carton que ferait le FN dans les cités une fois que téméraire bras droit de Lepen?

Anonyme a dit…

Le tawa ma f7emta ya tun-68 .C'est les récits d'un européen d'après ce qu'il voit et ce qu'il pensent du monde tunisien qu'il observe de l'extérieur .
Ech mdakhelna fi le pen ou jmaatou ?
Qu'est-ce qui t'arrives, t'es sérieux ou tu rigoles ? Parce qu'avec toi, on ne sait plus t'es encore pire que moi pour noyer le poisson .
Et d'un autres côté ech y 7emek fi7e yekteb ech y 7ebe. Tu crois que le principal souci de ce pays, c'est des gens comme toi qui vont les résoudre avec ce genre de remarque imitant un comportement étranger .Walahi tfededdou, c'est franchement n'importe quoi .

Chaque fois que quelqu'un doit écrire sur son blog, il faut qu'il se soumette à votre censure et après vous osez parler de liberté .

Téméraire a dit…

@Tun-68 :
Je ne suis personnellement en conflit avec aucun Blog.
Pour les auteurs, j'ai mis leur bibliographie, ceux qui s'y intéréssent peuvent faire de la recherche sur le net à propos de leurs notoriétés.

Je pense que tu connais bien la France, si tu me fais introduire auprès de Le Pen et Cie, ça sera sympa de ta part ::)).