samedi 7 avril 2007

49- Tunis racontée par Al Bakri en 1068 JC (2ème partie)

A l’est de la ville de Tunis est un grand lac qui a vingt-quatre milles de circuit; au milieu se trouve une île nommée Chekla (Chikli), qui produit du fenouil et qui renferme les restes d’un vieux château.
Cette île a environ deux milles de circuit. D’après les dispositions qui furent adoptées, l’arsenal de Tunis touchait au port et le port au lac, lequel communique avec la mer. Sur le bord du port on voit une mosquée appelée la mosquée Abdallah et, au sud du port, un château construit en pierre d’une manière très solide.

Au nord du port s’étend une clôture de pierre semblable à une muraille. Pour entrer au port, les navires doivent passer entre la muraille du château et celle-ci (la Goulette actuelle); une chaîne de fer, que l’on peut tendre à travers ce passage, empêche, au besoin, les bâtiments d’y pénétrer et d’en sortir.
Ce château s’appelle Kasr Esselsla “le château de la Chaîne.”

Au sud de cet édifice on voit deux citernes que les souverains aghlabides tenaient remplies de poissons, après y avoir fait introduire les eaux de la mer.
Nous avons dit ailleurs que l’arsenal fut bâti par Obeid-Allah ibn el-Habhâb; mais il est possible que l’auteur de ce renseignement ait voulu dire qu’Obeid-Allah avait réparé les murs et augmenté les fortifications de cet édifice.
Depuis lors Tunis n’a jamais cessé de nourrir une population considérable et d’envoyer des navires musulmans sur les côtes du pays des Roums, afin d’y porter le ravage et la dévastation.

Située au pied d’une colline appelée Djebel Omm Amr (Djabel Ammar actuel), Tunis est entourée d’un fossé qui la rend inabordable. Elle a cinq portes, dont l’une, celle qui porte le nom du péninsule de Cherik (le nom d’un des compagnons d’Okba) regarde le midi et donne passage aux voyageurs qui se rendent à Kairouan.
Vis-à-vis s’élève le Djebel Ettouba (2), haute montagne qui n’offre pas la moindre trace de végétation et dont la cime est couronnée par un château fort (3) qui a vue sur la mer. A l’orient de ce château est une porte cintrée par laquelle on entre dans une caverne nommée El Machouc (4); et à l’occident du même château on voit une source d’eau.

Le Djebel Essayada (5) située à l’occident du Djebel Ettouba, est couvert de villages, d’oliviers, d’arbres fruitiers et de champs cultivés. On y remarque sept réservoirs voûtés, ayant tous la même dimension.
A l’occident de cette montagne on voit une chaîne de collines bien cultivées qui s’étendent jusqu’à l’endroit nommé El Melab. On y a planté des arbres fruitiers et une grande variété d’arbustes odoriférants.

A l’Orient de Tunis se trouve le port, le lac dont nous avons parlé et un marais salant. Du même côté est la porte de Carthage (Bab Carthadjenna); entre elle et le fossé (qui entoure la ville) on remarque un grand nombre de jardins et plusieurs puits surmontés de machines hydrauliques; aussi cet endroit porte-t-il le nom de Sewani al-Merdj (les machines hydrauliques du marais).

Au nord de la ville est le Bab Sakaine (la porte des porteurs d’eau), ainsi nommée parce que ces gens fréquentent un puits (bîr) qui en est vis-à-vis et qui se nomme Bîr Abi’l-Kifar. L’eau de ce puits est très abondante, parfaitement douce et limpide.

De ce côté de la ville on voit plusieurs châteaux construits par les Aghlabides, et quelques jardins plantés en arbres fruitiers et en plantes aromatiques. Cette localité touche au pied d’une montagne aride qui porte le nom d’Abou Khafadja (6) et dont la cime est couronnée par les ruines d’un ancien édifice.

Dans le voisinage du Bab Artah, porte qui est située à l’occident de la ville, il y a un cimetière nommé Makbera Souk al-Ahad (le cimetière du marché du dimanche). Entre cette porte et le fossé (qui entoure la ville) est un grand amas d’eau que l’on appelle Ghdir El Fahamine (l’étang des charbonniers).

Au milieu du Rbadh El Mardha (le faubourg des malades, des lépreux), qui est à l’extérieur de la ville, se trouve une grande saline (7) d’où les habitants de Tunis et des lieux voisins tirent leur approvisionnement de sel.

2- Djebel Djellaz actuel
3- Actuel Bordj Ali Rayes
4- Peut être el-maachouk, celle qui a été utilisée par le Marabout Echadly pour ses méditations
5- Possible Djebel Djeloud actuel
6- Actuel Belvédère
7- Lac Sedjoumi

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