vendredi 6 avril 2007

48- Tunis racontée par Al Bakri en 1068 JC (1ère partie)

Hassan ibn en-Nôman marcha jusqu’à Aratar (1) et livra un combat aux Roums dans la plaine de Tunis. Alors ils le prièrent de ne pas entrer de force chez eux, et ils s’engagèrent à lui payer le kharadj et à fournir des montures, en nombre suffisant, pour lui et pour ses compagnons. Il accepta cette proposition.
Les Roums avaient alors plusieurs navires qu’ils tenaient tous prêts auprès de la porte des femmes (Bab en-Niça); aussi s’empressèrent-ils de s’y embarquer avec leurs familles et leurs trésors, et de s’enfuir pendant la nuit. Hassan étant entré dans la ville, qu’ils venaient d’abandonner, la saccagea et la livra aux flammes. Il y construisit une mosquée et y laissa un détachement de musulmans.

La supercherie employée par le seigneur de Carthadjenna “Carthage” pour tromper Hassan ibn en-Noomane fut analogue à celle que nous venons de raconter: les Roums s’enfuirent de la place, mais Mornac, le gouverneur, y resta avec sa famille. Hassan reçut alors de lui un message ainsi conçu: “Si tu veux faire un traité avec moi et mes enfants, tu me concéderas certaines terres que je te désignerai; alors j’ouvrirai une des portes de la ville afin que tu puisses y entrer et surprendre tous ceux qui s’y trouvent.”

Hassan donna son consentement, et Mornac lui demanda la concession de tous les établissements situés dans la plaine qui sépare les deux montagnes (baïn el-djeblaïn) et que l’on nomme encore Fahs Mornac “la plaine de Mornac”.
Ces établissements consistaient en trois cent soixante villages. Hassan, s’étant ainsi fait ouvrir la porte de la ville, y entra et ne trouva personne, excepté le gouverneur et sa famille. Il remplit toutefois la condition à laquelle il s’était engagé, puis il s’en retourna à Kairouan.

Les Roums, vinrent alors avec leurs navires afin d’attaquer les musulmans qu’on avait laissés dans la ville de Tunis. Ils tuèrent, pillèrent et emmenèrent en captivité tous ceux qui s’y trouvaient. Les musulmans n’avaient pas d’asile où ils auraient pu se retrancher, parce qu’on les avait laissés sous la tente.

A la réception de cette nouvelle, Hassan partit pour Tunis: et ordonna à une quarantaine de ses Arabes, gens de haute naissance, de se rendre en mission auprès d’Abd el-Malek ibn Marouane. Il écrivit aussi à ce Calife pour l’informer des maux qui affligeaient les musulmans, et il resta en observation devant l’ennemi, en attendant la réponse.

Abd el Malek prit cette nouvelle fortement à cœur et il écrivit alors à son frère, Abd el-Aziz, gouverneur de l’Egypte, lui ordonnant d’envoyer au camp établi à Tunis mille Coptes avec leurs familles, auxquels il aurait à fournir des montures lorsqu’ils seraient prêts à quitter Egypte, et tous les secours dont ils pourraient avoir besoin, jusqu’à leur arrivée à Tarchîch (c’est-à-dire à Tunis).

Il écrivit aussi à Hassan Ibn en-Noomane, lui prescrivant de faire bâtir un arsenal, dans lequel on établirait ces gens et dont on ferait un point d’appui et d’approvisionnement pour les musulmans. Il lui ordonna aussi d’imposer aux Berbères, comme obligation perpétuelle, la tâche d’y amener à force de bras les bois nécessaires à la construction des navires, vu qu’il aurait à y faire équiper une flotte, afin de pouvoir combattre les Roums par terre et par mer, et opérer des descentes sur le littoral de leur pays.
De cette manière on empêcherait l’ennemi de rien tenter contre Kairouan et l’on mettrait les musulmans à l’abri de tout danger.

Hassan était encore à Tunis quand les Coptes y arrivèrent. Par son ordre on fit venir les eaux de la mer depuis le lac de Radés jusqu’à l’arsenal; les Berbères apportèrent du bois; les navires s’y construisirent en quantité, et les Coptes s’occupèrent à les équiper.

1- Cette localité devait être située à l’occident de Tunis, puisque la porte nommée Bab Artah se trouvait de ce côté de la ville. Artah était un compagnon d’armes d’Okba.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Trop cool ton blog ! :)) continue :)

Téméraire a dit…

@Cold Pizza : Merci, marhbé