jeudi 16 juillet 2009

75- La Conquête de Tunis par les Turcs (3ème partie)

Moulay Hassan, après avoir été chassé par Barberousse de ses états, errait depuis quelque temps au milieu des Arabes, qu'il excitait, à la révolution contre Khaireddine, en leur faisant un étalage pompeux de tous les biens dont il récompenserait leurs services s'ils arrivaient à le remonter sur le trône.
Il n'y a rien de si léger et de si inconstant que le peuple arabe ; ennemi de toute domination, il est toujours prêt à écouter celui qui flatte son amour pour l'indépendance ; n'ayant rien à perdre et tout à gagner dans une révolution, il est toujours prêt à s'armer en faveur du parti qui lui offre le plus d'avantages. Moulay Hassan n'eut pas de gêne à persuader plusieurs Cheikhs arabes, et ils commencèrent à se rassembler dans les plaines de Kairouan.

Khaireddine, en apprenant leurs mouvements, se contenta de leur écrire ces mots « Que celui d'entre vous qui reconnaît l'empire de notre souverain Seigneur et maître le sultan Souleiman, quitte au plus tôt l'armée des rebelles et vienne se réunir sous mes drapeaux ; car ceux qui ne profiterait pas de ce moment de clémence, et qui s'obstineront dans leur révolte, auront lieu de se repentir de leur témérité ».

En même temps Khaireddine assembla ses troupes et fit tous ses préparatifs pour aller dissiper cette armée d'Arabes, dont le nombre augmentait tous les jours. Lorsque, sous les ordres de Moulay Hassan, les arabes vinrent lui présenter le combat, il les mit sur le champ en déroute.
Etant un bon politique, Barberousse, il leur accorda même le pardon, il savait qu’il lui était très difficile de les poursuivre. Il leur expédia donc des lettres de grâce, et lorsqu'ils les eurent reçues, les principaux Cheiks se rendirent auprès de lui pour lui jurer foi et hommage.

II s'empara donc de Kairouan et des autres villes de la province, et régla partout la perception des impôts. Enfin il fit ouvrir par les 25 milles esclaves chrétiens que renfermait alors Tunis le canal de la Goulette, et créa un port où sa flotte fut parfaitement abritée. De ce jour, la Tunisie n'est plus qu'une province turque.


Mis encore une fois en déroute par l'usurpateur de son royaume, Moulay Hassan, s’enfuit vers Constantine, où il trouve un asile auprès du gouverneur de la province.
Dans son exil il se lia d'amitié avec un renégat génois nommé, Ximéa, qui voulant tirer profit de la situation, il lui conseilla de s'adresser à l'empereur Charles V, de réclamer son assistance et de lui offrir, en retour du service rendu, de se déclarer vassal de l'empire.
Moulay Hassan s'engageait, en outre, à seconder les opérations de l'armée impériale, avec un contingent d'Arabes qu'il se faisait fort d'amener sur la côte tunisienne, au moment de l'arrivée de l'Empereur.

Il lui écrivit la lettre suivante « … Barberousse, ce misérable Rais turc, né pour le malheur de la Barbarie, vient de s'emparer de mes états, et une des grandes raisons qui l'ont décidé à me persécuter, c'est l'attachement sincère que j'ai toujours eu pour toi; il est donc de ton honneur, et il y va de tes intérêts, Ô grand Roi ! de venir à mon secours et de me rendre l'héritage de mes pères.
Les forces que tu rassembleras sont plus que suffisantes pour me venger de Barberousse, et me replacer sur un trône qu’i1 m’a usurpé.
J’ai encore à mon service soixante mille hommes, avec lesquels j'irai l'assiéger par terre, tandis que tu viendras l'assiéger du côté de la mer.
Lorsque le Royaume de Tunis sera rentré sous mon obéissance, je t'en ferai l'hommage, et je me contenterai du titre de ton lieutenant. »

Charles-Quint avait été profondément irrité de l'heureux coup de main des Turcs et quand Moulay Hassan vint solliciter son assistance pour reconquérir la souveraineté et lui offrir, en retour du service rendu, de se déclarer son vassal, l'empereur accepta ces ouvertures avec empressement et associa à la conquête qu'il allait entreprendre l'Ordre de Malte, le Saint-Siège et le Portugal.

Des préparatifs considérables furent aussitôt commencés dans les arsenaux d'Espagne, de Gênes, de Naples et de Sicile ; les vaisseaux et les galères furent armés, et des approvisionnements de toutes sortes furent tenus prêts ; mais quelque profond que fût le secret dont on entoura les préparatifs, Barberousse en fut avisé. Au premier avis du danger, il demande du secours à Constantinople; mais le grand seigneur ne put lui en envoyer en raison de ses engagements militaires en Asie.
Barberousse ne se découragea point, et résolut de se défendre avec ses propres ressources.

Ayant reconnu que la ville de Tunis était incapable de résister à l'ennemi, si celui-ci parvenait à opérer un débarquement à la Goulette, il porta toute son attention sur ce point. Par ses ordres, de nouveaux travaux de défense furent ajoutés à ceux qu'il avait fait établir dans les premiers temps de la conquête.
Il les dirigea lui-même, et y employa tous les bras des esclaves chrétiens.

Laissant au mouillage de la Goulette douze de ses meilleures galères, il abrita le reste de sa flotte dans le petit canal qui joint le lac à la mer. Puis comme aucun ouvrage fortifié ne garantissait alors ce point avancé, véritable boulevard de la capitale, il fit élever, avec la plus grande célérité possible, une épaisse muraille, qui dût couper la langue de terre qui s'étend au nord-est du canal, dans la direction des ruines de Carthage, afin de mettre la Goulette à l'abri d'une attaque de ce côté.
Le temps ayant manqué pour achever convenablement ce grand travail, il fallut recourir à un expédient pour en tirer provisoirement un utile parti : on prit des avirons, des espars, tous les bois qui tombèrent sous la main. On les planta en terre, on les relia solidement entre eux; puis des milliers de sacs remplis de sable en assujettirent parfaitement le pied. A la base, on ménagea des embrasures pour y établir une batterie. Un fossé compléta ce premier système de défense.

A suivre ...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour tes écrits, j'aime bien. Cependant j'attends la suite :( j'espére que ca ne va pas tardé...

Téméraire a dit…

Désolé pour le retard occasionné dans la publication de la suite et c'est excusable :) puisque j'étais à Istanbul.