vendredi 23 mars 2007

45- La Mer Intérieure Saharienne - Le Projet Roudaire (1ère Partie)

Les amateurs de science-fiction qui se sont régalés de Jules Verne et qui ont lu son livre "L’Invasion de la Mer" ne peuvent pas rester indifférents sur le côté réalistique de cette histoire.

Cette histoire a été inspirée à Jules Verne par la fameuse expédition du commandant Roudaire au sud tunisien dans l’espoir de créer dans la région de Chotts un projet de mer intérieure auquel M. de Lesseps a totalement adhéré.

Le 17 novembre 1869, l’impératrice Eugénie inaugure en grande pompe le canal de Suez. Quelques jours après l’événement paraît à Paris, dans La Revue moderne, un article intitulé "Le percement de l’isthme de Gabès". Son auteur, propose, moyennant un canal dix fois plus court que celui de Suez, d’inonder le Grand désert. Il s’explique : le Sahara, lâche-t-il, " c’est le cancer qui ronge l’Afrique ; puisqu’on ne peut pas le guérir, il faut le noyer ".
Ce projet fait le plus grand honneur à la science de son auteur (Elie Roudaire) et à la persistance infatigable avec laquelle il a pu exécuter dans les chotts de la Tunisie et de l'Algérie des nivellements, relevé des observations météorologiques de toutes sortes, effectué de nombreux sondages et étudié en détail l'hydrologie, la géologie et la paléontologie de la région.

Le projet consiste, à remettre sous l'eau les chotts du sud de la Tunisie et le chott Melhrir de la province de Constantine, et à rétablir ainsi un bras de mer qui ne serait autre que la baie ou le golfe de Triton des anciens.
Peu importe d'ailleurs que l'ancienne baie de Triton ait occupé ou non l'emplacement des chotts actuels, ou qu'elle ait embrassé, suivant M. Roudaire, tout le bassin du lac Kelbiah dans la portion centrale du plateau tunisien et la plaine de Kairouan.
Il n'en paraît pas moins établi que la dépression des chotts, qu'elle communiquait ou non avec la mer, était couverte d'eau pendant la période historique, ce qui expliquerait sa fertilité à cette époque, et sa stérilité aujourd'hui que les eaux se sont retirées.

Au fait, l’idée n’est pas nouvelles, outre de dire que certains savants arabes (tel que Ibn Chabbat) ont évoqué cette pensée, la première évocation disponible remonte à 1813 à un des plus illustres géographes, Conrad Malte-Brun, qui a émis l’hypothèse dans sa "Géographie universelle", ce Danois soupçonne le Maghreb de contenir "l’Atlantide" disparue en 9600 avant l’ère chrétienne. Un tremblement de terre aurait mis à sec la "deuxième Méditerranée" qui la bordait au sud. D’autres historiens de la même époque soutiennent que le Sahara " a émergé du fond des mers, ou plutôt les eaux l’ont abandonné ". Ils ajoutent que " l’Atlas sous sa forme primitive, est l’Atlantide " dont parle le Timée.
D’après les travaux de Roudaire, il en résulte des nivellements que les deux premiers chotts, El-Fedjedj et El-Djérid, sont au-dessus du niveau de la mer de 15 à 33 mètres, et que le seuil qui sépare le golfe de Gabès du premier chott est, au col, au moins de 48 mètres au-dessus de la Méditerranée.
Le chott Gharsa, qui fait suite, est nettement en contrebas et le chott Melhrir, qui termine la dépression à l'ouest, est à un niveau encore inférieur.

L'eau pourrait être amenée dans les chotts Gharsa et Melhrir au moyen d'un canal de près de 180 kilomètres de long. M. Roudaire compte, il est vrai, résoudre la difficulté de la largeur et de la profondeur à donner à son canal en faisant exécuter la plus grande partie du travail par les masses d'eau qui doivent être introduites dans les Chotts Gharsa et Melhrir, c'est-à-dire qu'au lieu de donner au canal ses dimensions définitives, il se bornerait au creusement d'une simple tranchée que le courant se chargerait d'élargir et d'approfondir, système qui a été appliqué à la rectification du cours de la Meuse.

Le budget global a été arrêté à 73 Millions de Francs.

En tenant compte de diverses circonstances, telles que: évaporation des eaux sous l'action solaire, infiltrations, etc., le capitaine Roudaire estime à neuf ans au maximum l'intervalle de temps qui s'écoulerait entre les premiers travaux et l'établissement du régime définitif de la mer intérieur. Le projet n'a jamais reçu même un commencement d'exécution. Cependant une société avait été formée pour la création de la mer intérieure, société présidée par M. Ferdinand de Lesseps, le célèbre promoteur du canal de Suez. Elle se transforma en une société de colonisation et créa les oasis de l'oued Melah, au nord de Gabès.

M. Roudaire énumère lui-même les résultats généraux de la création de la mer intérieure :
* Création d’une mer de 16.000 km² suffisante pour apporter l’humidité nécessaire aux cultures, faire barrage au sirocco dévastateur et aux sauterelles non moins nuisibles, créer une oasis de 600.000 ha, mettre Biskra à portée de la mer et faciliter le commerce avec l’intérieur de l’Afrique.
* Amélioration profonde du climat de l'Algérie et de la Tunisie ;

* Ouverture d'une nouvelle voie commerciale pour les régions situées au sud de l'Aurès et de l'Atlas et pour les caravanes du centre de l'Afrique ;

* Amélioration des conditions hygiéniques du Sud Algérien et Tunisien ainsi qu'un apport de sécurité complète pour l'Algérie en matant oute insurrection possible par son cloissenneemnt au sud.

A suivre ....

4 commentaires:

CITIZEN a dit…

En effet, le projet parait très intéressant.
Cependant, il présente des inconvénients non négligeables.
Il fera déplacer des populations par dizaines de milliers, peut être plus.
Les modibications climatiques qu'il peut induire dans ces zones du Sud Ouest, peu habituées à un degré d'humidité aussi élevé avec ce que celà peut avoir comme répercussions sur la culture des datte, partie intégrante de la vie de nos concytoyens du Djerid sont loins d'être négligeables.
Celà étant, et comme vous l'avez signalé, les richesse que peut créer un tel ouvrage sont aussi immenses. Idée à creuser.

Téméraire a dit…

@Citizen : Non pas de déplacement de population puisque les surfaces salées (lacs désséchés) ne sont pas habitables).

Pour le reste tu as raison.

Voir prochainement la suite ...

CITIZEN a dit…

je parlais des populations habitant entre le Chott Djerid à son extrémité est et le golfe de Gabés

Anonyme a dit…

J'ai déjà entendu parler de ce projet et je sais qu'il a été abandonné pour cette différence de niveau .