77- La Conquête de Tunis par les Turcs (5ème partie)
Moulay Hassan fut rétabli sur le trône comme vassal et tributaire de l'Espagne. Charles-Quint garda pour lui plusieurs places maritimes, notamment La Goulette qu'il dota d'une forteresse dont une grande partie des pierres déjà taillées, furent récupérés des aqueducs romains, qu’ils firent sauter.
L’empereur rendit à la liberté dix mille esclaves chrétiens (certains historiens disent vingt mille, d'autres vingt-cinq mille) et il rentra triomphant à Naples avec une armée gorgée de butin et de richesses.
Le 6 août 1545, Moulay Hassan et Charles-Quint avaient signé un pacte d'alliance où il était stipulé :
- La mise en liberté, sans rançon, de tous les esclaves chrétiens ainsi que la garantie de leur libre circulation.
- La faculté pour les Européens de se livrer aux opérations commerciales, de s'établir à Tunis, d’avoir leur liberté de culte et d'y construire des églises et faire sonner leurs cloches. Seul un juge désigné par l’empereur pouvait connaître les causes, juger et châtier ses sujets délinquants
- Le roi de Tunis devait refuser d’accueillir les Morisques de Grenade, de Valence, d’Aragon ou d’autres lieux appartenant à l'empereur, et il devait les expulser.
- L'engagement de ne point favoriser la course, soit en fournissant des vivres et des munitions aux corsaires, soit en les recevant dans les ports du royaume.
- La Remise à sa Majesté la ville d’Africa (Mahdia)
- Le remboursement des frais de l’expédition et le paiement d'un tribut annuel de 12,000 écus d'or, pour subvenir l'entretien de la garnison de ce port ; et, s’il ne remettait pas cette somme, le capitaine général pouvait la prélever sur les rentes du royaume.
- La concession perpétuelle à l'Espagne de la pêche du corail, dans les eaux de Tunis;
- En reconnaissance à toujours de sa vassalité, le roi de Tunis et ses successeurs devaient également remettre tous les ans, un impôt consistant en 6 chevaux et 12 faucons, sous peine de 50.000 ducats d’or la première fois qu’ils ne le feraient pas, 100.000 la deuxième et la troisième fois ils se verraient privés du royaume.
Aussi ;
- Le roi de Tunis remettait à l’empereur et à ses successeurs aux royaumes espagnols les droits qu’il avait sur les villes de Bône, Bizerte, et autres forteresses maritimes que Barberousse avait usurpées, afin de pouvoir expulser tous les corsaires qui s'y trouveraient.
- Le roi de Tunis cédait à l’empereur et aux rois de Castille La Goulette et les terres situées une demi-lieue alentour, à condition que les Espagnols du préside n’empêchent pas les habitants de Carthage de prendre de l'eau des puits situés près de la Tour de l’Eau.
- Le roi de Tunis devait laisser aux chrétiens de La Goulette, désignés par le capitaine du fort, toute liberté de commercer dans tout le royaume. Le roi recevrait les taxes sur l’achat-vente des marchandises (alcabalas), mais s’il y avait délit, seul le capitaine du fort avait autorité sur eux et pouvait les châtier.
- Le roi de Tunis et ses vassaux ne feraient aucune alliance et ne signeraient aucun accord avec un prince maure ou chrétien qui pourrait porter préjudice à l'empereur ou aux rois d'Espagne ses successeurs, et réciproquement. L’empereur et le roi de Tunis s’engageaient en leur nom et en celui de leurs successeurs à entretenir des liens d'amitié et de bon voisinage, de respect réciproque dans la liberté de commerce des uns et des autres sur mer comme sur terre.
De son côté Moulay Hassan à demandé :
- 4,000 escopettes avec de la poudre ;
- Quelques pièces d’artillerie, de celles qui ont été prises dans la forteresse de la Goulette, avec des munitions ;
- Quelques galères, dont il a un grand besoin, et qu’il fera armer.
Ainsi que sa Majesté devra promettre :
- Que les nouvelles fortifications de la Goulette n’apporteront aucun empêchement au commerce, et que les soldats qui tiendront garnison dans la forteresse n’essaieront pas de pénétrer dans le pays. Toutes les fois qu’ils voudront venir à Tunis, ils devront être munis d’un sauf-conduit du roi.
- Pour la sûreté personnelle de Moulay Hassan, il sera également permis aux Rabatins de tenir garnison provisoirement dans la Kasbah.
L'Espagne, en échange de ces engagements, promettait sa protection envers et contre tous.
Au lendemain de la prise de Tunis par Charles-Quint et de la restauration de la monarchie Hafside, Moulay Hassan ne contrôlait que Tunis. Et encore, n’ayant pu éviter le sac de la ville par les troupes impériales, et ayant fait appel au chrétiens pour le remettre sur le trône il était haï de ses sujets. L’arrière-pays et tout le sud tunisien, dont Kairouan, bastion de l’Islam, lui échappaient.
Ce traité conclu, l'Empereur quitta Tunis après avoir laissé dans la Casbah une garnison de 200 hommes, qui devaient y rester à la disposition de Moulay Hassan, jusqu'à la complète pacification du pays. Il se dirigea ensuite sur la Goulette, en passant par Radès, où il s'arrêta pour attendre que toute sa cavalerie et le matériel de l'armée fussent rembarqués à bord de la flotte. Cette opération terminée, il se rendit dans son ancien camp de Carthage, où il resta jusqu'au moment de son embarquement.
Avant de reprendre la mer, l'empereur ordonna qu'il fût immédiatement procédé à la construction d'une forte citadelle à la Goulette. A cet effet, des matériaux de toutes sortes furent commandés en Sicile; et, pour assurer la défense de la place, on y laissa un corps de 1000 hommes, sous les ordres de Don Bernardin de Mendoza. Indépendamment de ce corps, une division navale de 12 galères, aux ordres d'Antoine Doria, dut également y stationner.
L'empereur, s'étant embarqué, prescrivit à l'escadre espagnole de regagner ses ports d'armement, et il se dirigea lui-même, avec le reste de sa flotte, sur Mahdia (Africa), dont il voulait s'emparer ; mais le mauvais temps l'ayant forcé d'ajourner cette expédition, il regagna, à son tour, la Sicile et aborda à Trapani. Il profita de son séjour dans ce port pour diriger sur Mahdia 5,000 hommes de troupes de débarquement; mais, cette fois encore, les vents et le mauvais état de la mer vinrent déjouer les projets de Charles V.
A suivre ...
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