67- La Prise de Sfax : un Massacre oublié par l’Histoire (1ère Partie)
Dès la capitulation du pays des Kroumirs, ensuite de Tunis la Capitale de la régence et la signature du traité du Bardo par Sadok Bey qui institua le Protectorat français sur la Régence, Mr Roustan, le Résident Général et avec l’aide de ses Généraux prit les premiers arrangements nécessaires pour compléter la domination de tout le nord de la Régence.
Les quelques résistances s'éteignaient tous les jours; les tribus visitées par l’armée française venaient solliciter l'Aman et remplir les conditions qui leur étaient imposées : désarmement, obligation pour la tribu de reprendre ses campements ou installations habituels ; fourniture de mulets pour le service des transports de l’armée française; provision de 40 francs par tente à verser au Trésor par les tribus contre lesquelles les Algériens, Européens ou indigènes avaient présenté des revendications fondées; engagement à payer, comme contribution de guerre, telle somme que le gouvernement fixerait ultérieurement; livraison des réfugiés, condamnés, contumaces, gens dangereux réclamés par les français et livraison d'otages à titre de garantie pour l'exécution de ces conditions.
Le Général Logerot entreprit aussi de châtier certaines tribus frontalières, ainsi il parti en razzia avec 4 bataillons contre des fractions des Chihia, des Beni-Mazen, les Ouled Ali M'fodda, les M'rassen et les Ouchteta. Il leur imposa des dures conditions, emporta même avec lui des otages et infligea une grande ruine aux Ouchtetas.
La campagne était finie : en quelques semaines, l’armée française à su établir l'ordre dans le pays et sa domination était reconnue par les tribus soumises. L’Armée Française ne devait donc pas s'attendre à être obligés de bientôt reprendre la lutte. C'est cependant ce qui arriva.
Depuis des longs mois des Mokaddem de l'ordre religieux des Senoussia répandus par millions à travers l’Afrique et qui vouent une haine implacable aux chrétiens parcourent
Le sud Tunisien, en prêchant la guerre sainte et annonçant le triomphe prochain des vrais croyants.
De même, surexcité par les fonctionnaires turcs de la Tripolitaine, le Colonel "Amir Liwé" Sidi Ali Ben Khlifa (70 ans) qui est aussi le Caïd de plusieurs localités du centre-ouest refuse le traité du Bardo et se révolté même contre le pouvoir du Bey.
Malgré les tentatives du Bey de rallier l’ensemble des tribus autour de lui par la force ou par la corruption, Ali Ben Khlifa, aidé par son frère Hadj Salah Ben Khlifa, est arrivé à avoir l’allégeance de plusieurs tribus qui se sont adhérés à sa cause, celle de combattre l’envahisseur Français.
En Juin 1881, Ali Ben Khalifa réussi à réunir les chefs des tribus du Sud et du centre Tunisien ainsi que les plus importants Chefs Religieux et les Hommes Influents du pays dans la symbolique mosquée de "Okba Ibn Nefaa" a Kairouan. Officiellement, la Résistance à l’envahisseur Française et à l’autorité Beylicale viennent d’être déclarés.
De même Ali Ben Khlifa se retourne vers le Dey de Tripoli et le Sultan Turc pour leur demander aides et armes qui ne parviendrons jamais aux insurgés.
Sans attendre le secours Turque, le Vieillard et par les propres moyens de sa tribu les Neffets, commence à armer les insurgés et entama une guérilla qui dura 4 ans pendant lesquels il eu une série d'engagements très meurtriers avec les contingents d’Ali-Bey.
Le 25 juin 1881 et avec l’aide des cavaliers de la tribu Mhedhba, Ali Ben Khlifa remporta une victoire écrasante contre un groupe de Soldats du Bey dans la région de Sfax.
Encouragés par cette victoire, beaucoup d'autres cavaliers et guerriers des tribus tunisiennes ont rejoints la Guérilla et le 2 Juillet 1881, Ali-ben-Khalifa fut même nommé Bey avec Sfax comme capitale provisoire.
Lors de la révolte de la ville de Sfax, certains Européens furent massacrés, et les étrangers ainsi que certains notables y inclus le Caïd Local Djellouli durent se réfugier à bord des navires en rade.
Sous les ordres du vice-amiral Garnault, l’escadre de la Méditerranée, avait été chargée d'aller prendre Sfax et le 14 juillet au soir, les cuirassés "le Colbert", vaisseau amiral, "le Trident", "le Marengo", "le Friedland", "la Surveillante", "la Revanche" et "la Reine-Blanche", "la Galissonière" et "l'Alma"; les canonnières "la Pique", "le Chacal", "le Léopard", "l'Hyène" et "le Gladiateur"; les transports "la Sarthe" et "l'Intrépide" sont mouillés devant la villa de Sfax.
Après un essai infructueux tenté le 8 juillet, le vendredi 15 commence un bombardement lent avec les grosses pièces des gaillards, tandis que les canonnières au-dessus desquelles passent, en deux étages, les obus de l'escadre et de la division du Levant, cherchent à démolir les défenses de la plage et à faire brèche dans la muraille. Cette première opération prépare le débarquement et l'attaque qui sont ordonnés pour le lendemain. Les transports la Sarthe et l'Intrépide fournissent deus canots-tambour ou chalands plats en tôle dans lesquels on installe des canons qui pourront approcher très prés du rivage et contribuer puissamment à protéger le débarquement.
Au point du jour du samedi 16 juillet 1881 et de l'aveu de tous les témoins, un bombardement mémorable, qui a duré à pleine volée pendant deux heures, rappelait les plus effrayants spectacles du genre, y compris la canonnade nocturne de Cherbourg servie par les mêmes cuirassés, il y a juste un an.
A Suivre ...
22 commentaires:
Je sent qu'on va nous régaler encore avec une belle histoire.
Merci
Je crois qu'il y a eu 15000 morts à sfax non ?
@Sta:
J'espére que le récit sera intéréssant.
@B....R sta al ouerdani :
Je pense que ce chiffre est très exagéré si on se base sur le recensement de la population.
J'ai les estimations de la population pendant cette période à Sfax mais elle n'est pas sous ma main. Pour info en 1920, il y avait à Sfax 20 000 Musulmans.
En fait de commentaire c'est une série de questions :
- Qu se passait il en France d'ordre politique en cette année 1881 qui puisse expliquer l'invasion de la Tunisie ?
- L'Algérie étant déja conquise depuis aumoins 40 ans que sont venus chercher les français en Tunisie ?
- pourquoi alors que l'algérie était département français (de Dunkerque à Tamanrasset, la Tunisie et le maroc n'ont ils été que de simple protectorats ?
- Le fait que le maroc était gouverné par des marocains (alors que la Tunisie l'était par des turcs) a t il établit une différence politique dans le type de protectorat de ces deux pays.
- Comment expliquer que la Sublime Porte n'ai pas levé le petit doigt pour empêcher l'occupation de ses vassaux par des européens ?
etc, etc.
Merci pour ton éclairage à l'énergie solaire. MALI
J'sais pas mais de cette aventure, j'ai retenu le chiffre de 15000 .Peut-être que ce correspondait a la population de la ville de l'époque ou devait-il correspondre aux nombres de résistants à l'attaque .
@Mali:
Bonjour, je vais répondre en vrac sur tes questions suivant mes humbles connaissances.
Les raisons officielles de l’invasion de la Tunisie étaient d’une part l’arrêt des incursions et des attaques MEURTRIÈRES des tribus tunisiennes frontalières du territoire algérien (surtout Khroumir) et d’autre part assurer une protection à la Tunisie et au Trône du Bey en regard du danger qui le guette des puissances étrangères, spécialement l’Italie dont la presse ne cesse d’indiquer la Tunisie comme étant une Algérie Italienne.
Les raisons réelles étaient de maitriser les tribus frontalières qui passaient des armes et du soutien à des insurgés Algériens MAIS et SURTOUT préserver les intérêts économique de la France par rapport à l’Italie dans la Régence vu que la France avait perdu son influence (sans partage) à la cour de Tunis au bénéfice de l’Italie.
Ajouter à cela le nombre très supérieurs des Italiens installés en Tunisie ainsi que l’importance de leurs investissements et transaction commerciales, la France s’est trouvé dans l’obligation d’agir rapidement et de tirer le tapis sous les pieds de la jeune puissance italienne.
A rappeler quelques affaires très importantes :
- Les Italiens ont faillit enlever à la a compagnie des chemins de fer de Bône-Guelma la concession de la voie ferrée Tunis-Sousse.
- La compagnie italienne Rubattino à faillit établir un service télégraphique le long de la voie de Tunis - la Goulette.
- Les Italiens se sont opposés à la construction d'une gare à Rades sur le lac de Tunis par la compagnie de Bône-Guelma.
- Expropriation du domaine d’Enfidha que qu’une compagnie marseillaise avait acheté au général Khéreddine.
Vu la situation politique de l’époque, il était imprudent que la France déclare la Guerre à la Régence de Tunis (accord internationaux, influences anglaises et italiennes …) alors que déclarer le Protectorat n’était pas un acte de Guerre et ne nécessitait même pas un vote au Sénat Français, donc s’était au fait une décision très facile à prendre par Jules Ferry.
Donc, c’est plutôt des raisons d’ordre relations internationales et de politique interne qui ont instauré le Protectorat sur la Tunisie
A l’époque, La Sublime Porte agonissait et ne pouvais rien faire, d’ailleurs, grave erreur des Beys de Tunis (de l’époque), ils se sont toujours considéré comme un royaume indépendant, malgré quelques vestiges à peine sensibles d'une ancienne vassalité à la Turquie.
@B....R al ouerdani :
D'après les récits colonialistes, le nombre de combattants était de 2500-3000 et les morts seraient d'environ 800.
Merci pour les petits cours d'histoires détaillés téméraire il est vraiq ue j'aime me renseigner dans ce domaine mais je passe rarement à l'acte donc tes articles me servent de passerelles bien dirigées :)
@Shadow :
Le Plaisir est partagé
Excellent article - I have difficulty reading in French, but it is worth it.
The picture of the end, with two gates, where is this? Is it Bab Djebli or where?
(Please excuse my using English.)
@Peter :
Thank you for visiting my Blog.
Exactly, for the last picture, It's about Bab Djebli.
quel est le prénom du caid djellouli pendant ce temps là?
j'ai lu beaucoup sur 7 famille mé g pa trouvé leurs activités entre 1654 et1705
Les Jellouli : la promotion à Tunis d’une élite provinciale
Les Jellouli sont originaires de Sfax, une ville du Sud de la régence dont les marchands rivalisent avec les Jerbiens dans bien des domaines de la vie économique et politique. L’un des leurs, Mahmoud Jellouli (?-1839) compte parmi les principaux personnages des règnes d’Ali Bey ( 1759-1782) et de Hammouda Pacha. Plus peut-être que les Ben Ayyed, il fait partie du clan de Youssef Sahib al-Tabaa. Néanmoins, nous ne savons pas à quelle branche de la famille Jellouli il appartient, l’étude des ramifications du groupe familial restant problématique, en l’état de la documentation [30]. Dans les archives commerciales, nous rencontrons le nom des Jellouli, pour la première fois, en 1596 [31] : un contrat met en relation Ahmed ben Mohammed Jellouli et un autre marchand sfaxien, Mohammed Ben Slimane Beles, les deux associés voulant exporter des peaux de chèvre à Palerme. Leur transaction est d’autant plus intéressante qu’elle est effectuée avec une certaine Altifa (Latifa) Partigianni, « l’épouse du Pacha de Tunis » installée à Palerme. Or, cette femme mène d’autres affaires avec Abul Gaith al-Quachchèche, l’un des saints les plus influents de la capitale, et des plus fortunés. D’autres Jellouli sont cités dans des documents du début du XVIIe siècle, sans qu’il ait été possible de les identifier, ni d’établir leurs liens de parenté. Néanmoins, plusieurs actes consulaires ( 23 août 1621,12 juin 1626, 16 juin 1628 et 24 janvier 1629) mentionnent un certain « sidi Jellouli caïd de Sfax » qui emploie son fils en qualité de facteur à Tunis. Après une réussite commerciale, les Jellouli auraient donc accédé aux charges makhzéniennes. En 1653, le caïd de Sfax Baccar Jellouli continue, comme ses prédécesseurs, à exporter des cuirs et des peaux vers Malte. Il aurait perdu cette charge caïdale la même année; mais on retrouve à nouveau des Jellouli, fermiers de Sfax à l’époque de Hussayn Ben Ali ( 1705-1735/1740) et durant plus d’un siècle.
La période faste, pour cette famille, se situerait donc entre la deuxième moitié du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle. À la mort de Baccar Jellouli en 1782, son fils Mahmoud lui succède comme caïd de Sfax. Par la suite, il cumule cette charge avec le caïdat de Sousse. Entre 1808 et 1810, il obtient en outre la ferme des douanes de la régence. La famille Jellouli change alors de statut : d’élite régionale, elle devient l’une des grandes familles de la capitale, tout en gardant son « fief » sfaxien.
Ce caïd lazzam part du négoce pour acquérir des offices, tout en renforçant ses activités mercantiles. Ses principales affaires ont trait à l’exportation des produits agricoles, à la fois vers le Levant et vers l’Europe :cuirs et peaux, huile d’olive, céréales, légumes secs, laines, etc. Ses domaines agricoles servent en premier lieu ses approvisionnements, ainsi que le surplus de la collecte fiscale de ses fermes ou de celle du beylik. Par ailleurs, les rivalités franco-anglaises de la fin du XVIIIe siècle offrent à Mahmoud Jellouli l’occasion de participer à l’armement en course. Les capitaux ne lui manquent pas, si l’on en juge par certaines transactions. Il engage des sommes importantes dans des prêts commerciaux ou quirâdh et dans la constitution de sociétés. Le 27 octobre 1795 par exemple, il forme avec Ahmed Al Kharrat et Ahmed Sallami une société dans laquelle sa participation se monte à 38505 piastres. En 1808, il débourse 600000 piastres pour la ferme de la douane.
Nous verrons que sa fortune immobilière est aussi importante.
Ainsi, fils de caïd, Mahmoud Jellouli a commencé sa carrière comme marchand. Il a repris les affaires de son père et ses charges makhzéniennes. Par la suite, il affirmera sa personnalité, à la fois comme serviteur du Prince et grand négociant. En 1814-1815, avec la disparition de ses protecteurs Hammouda Pacha et Youssef Sahib al-Tabaa, il abandonne les offices pour continuer une carrière commerciale. Mais contrairement aux mamelouks et aux islamisés, la fortune du marchand ex-fermier de l’impôt se consolide et se transmet à ses descendants. On est tenté, bien sûr, d’établir une comparaison entre les Ben Ayyed et les Jellouli :
origine provinciale, fortune marchande au départ, consolidée par l’accès aux charges makhzéniennes et au service de la Cour. Dans les deux cas, la fortune commerciale reste le fondement d’une réussite collective, à la fois économique, politique et sociale.
Si la diversité du milieu marchand est attestée dans la régence de Tunis, sommes-nous pour autant en présence de modèles reproductibles ? Les figures les plus illustres ne doivent pas masquer le petit monde mercantile, son importance numérique et le volume d’activité qu’il brasse. Elles permettent cependant de mieux cerner les personnalités immergées au sein de groupes ou de communautés, tels qu’ils se définissaient alors. Elles montrent également que l’enrichissement des marchands n’est jamais le seul résultat d’une appartenance familiale, communautaire ou politique, et que si la fortune d’une élite croise souvent le politique, la pratique du commerce, à elle seule, peut aussi engendrer une réussite matérielle. Mais il reste à comprendre quels chemins conduisent à la fortune et, surtout, quelles stratégies de conservation et de reproduction des biens sont mises en œuvre par les marchands.
Source : http://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2003-4-page-29.htm
PS: En ce qui convcerne le prénom du Caid Djellouli en 1881, j'ai une certaine confusion sur le nom (Mahmoud, Aziz ... pas trop sûr), j'essayerai de vérifier l'info et publier la bonne réponse plus tard.
proposition du sujet ;si vous pouvez l'apogée de la tunisie beylicale(ali bey) et hammouda bacha bey entre 1759 et1814 appelée la période en or
quels sont les personnages et familles incluses dans ces réformes
je suis l'arrière arrière petit fils d'ali ben khalifa.je ne connaissais pas aussi bien son histoire que vous.j'en ai beaucoup appris.je voudrais savoir s'il etait possible d'en savoir plus et si oui comment.
merci
Je suis Sfaxien, j'ai un superbe livre qui parle de la résistance à Sfax et en Tunisie avec un détail que je n'avais jamais vu ailleurs : il s'appelle "lorsque le soleil se levait à l'orient". Ce que les commentaires ne dit pas et que plusieurs notables Sfaxiens ont participé à la résistance. Ce livre est trés difficile à trouver car il a été imprimer en édition limité, vu qu'il comporte plusieurs nom de familles de dont plusieurs chefs de résistance Sfaxiens, et qu'on ne veux pas donner une portée politique une famille ou une tribu. Si vous avez besoin de détailles ou de chiffres n'hésitez pas.
Dommage que même l'histoire n'est plus transparente.
réponse à Noor le caid Djellouli est Hassine dit Hassouna fils de Mahmoud (qui est dans la réponse de téméraire Les Jellouli : la promotion à Tunis d’une élite provinciale )
j'aimerai bien connaitre davantage sur la résistance de Sfax en 1881 et l'histoire de Sfax de 1881 à nos jours....merci
voici mon adresse email: sialanajib@hotmail.com
"Anonyme"
Je suis interessé de cette livre. Je voudrais trouver une copie, ou peut-etre emprunter, si c'est possible. j'ai fait beaucoup de travail de l'histoire de Sfax, mais, c'est vrai, il n'y a pas beaucoup des informations des gens de Sfax qui ont participés.
J'habite à Sfax, cependant je ne suis pas Sfaxi, mais anglais.
@Sialanajib :
Désolé j'ai publié toute la matière dont je disposais à propos de ce chapitre de notre histoire qui reste mal connu jusqu'à nos jours !
@Peter:
Je dispose d'une ancienne copie d'un livre dont j'ai extrait cette partie
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